Le directeur général de l'Etablissement hospitalier universitaire (EHU) 1er-Novembre-1954 d'Oran, le Dr Mansouri Mohamed, est décédé, hier, après plusieurs jours de lutte contre le coronavirus, a-t-on appris. Sa disparition a provoqué une vive émotion à Béjaïa. Au-delà de sa ville natale, le décès du Dr Mansouri a fait réagir les gens dans toute la Kabylie, dans la région de l'Ouest, mais aussi dans une bonne partie de l'Algérie qu'il chérissait. En attestent les témoignages priant sa guérison. Certains de ses amis continuaient à espérer qu'il sorte vainqueur dans son combat contre la Covid-19 et mettre ainsi fin au décompte funèbre qui a frappé la grande famille de la santé, qui a eu à affronter les trois vagues de la pandémie. Bouleversés par la disparition de Mohamed Mansouri, les personnes interrogées au chef-lieu de wilaya sont unanimes à mettre en exergue les qualités du défunt. C'était, en effet, quelqu'un de très disponible, reconnu à l'échelle nationale pour ses compétences, a confirmé Omar Maouche, ancien syndicaliste et militant du PAGS. L'ancien chirurgien, qui est arrivé en 1985 à l'hôpital de Béjaïa au service de chirurgie générale, est néanmoins esté très attaché à la ville de Béjaïa où il sera élu à l'APC depuis 2017. "Il aurait aimé la diriger pour la sortir de sa léthargie. Mais les résultats des urnes en ont décidé autrement", déplore Boualem Chouali, son ami, inconsolable. Pour Khoudir, ancien surveillant médical au CHU de Béjaïa, "le Dr Mansouri a révolutionné la chirurgie. En arrivant à l'hôpital avec ses copains de promotion, tous médecins spécialistes – le défunt Dr Amrane, le Dr Hamdi -, ils ont vraiment changé les choses". Mais le changement n'a pas été du goût du directeur de l'époque. Il travaillera un moment à l'hôpital de Sidi-Aïch avant d'aller accomplir son service militaire. À son retour, il a ouvert un cabinet qu'il a transformé en clinique privée à Tala Merkha. Quelque temps après, il s'installe à Oued-Ghir avant de vendre ses parts dans la nouvelle clinique. L'homme touchait à tout. Brillant chirurgien de l'aveu de ses pairs ; bon gestionnaire – il a fait ses preuves à la tête de la Direction de la santé de Béjaïa, du CHU de Tizi Ouzou et de l'EHU d'Oran – il était pressenti pour être ministre –, il était aussi un homme de presse. Il avait fondé l'hebdomadaire régional, L'Echo du Centre – qui a bouclé deux années d'existence ; il était dessinateur de presse, caricaturiste en herbe et poète. Seuls ses plus proches amis connaissaient ses talents divers cachés. Vers 2002, il sera désigné directeur de la santé et de la population dans la wilaya de Béjaïa. Bien qu'il ait réussi dans sa tâche, il sera attaqué par les élus de l'APW, qui passeront au peigne fin le secteur. Mais il tiendra tête. Il sera appelé en 2004 à diriger le CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou. Mais il va être "relevé" de ce poste. Une décision qui a provoqué une levée de boucliers des travailleurs du CHU, lesquels ont organisé une journée de grève générale suivie d'une marche de soutien, pour protester contre un "limogeage", jugé incompréhensible. Les blouses blanches, les personnels du paramédical, les travailleurs et la population ne comprenaient pas le pourquoi d'une telle sanction contre un homme qui avait "pourtant abattu un travail considérable, aussi bien en tant que directeur de wilaya de la santé à Béjaïa que directeur général du CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou". Le Dr Mansouri avait donné, de l'aveu du personnel soignant, un plus au CHU. "Tout le monde le regrette et personne n'arrive à comprendre la sanction", s'est scandalisé le personnel médical. Ce qui avait obligé le ministre de la Santé de l'époque, Mourad Redjimi, à sortir de sa réserve : "Le Dr Mansouri (était) appelé comme conseiller dans mon cabinet. Il est appelé à ce poste au vu de ses compétences pour qu'il aide à la politique de régionalisation du secteur." Le Dr Mansouri sera enterré aujourd'hui au cimetière de Béjaïa.