Afin que nul n'oublie ce drame et le visage du jeune artiste venu prêter main-forte à Larbâa Nath Irathen, un collectif d'intellectuels a lancé une pétition pour ériger une stèle à sa mémoire, tandis que des artistes et écrivains comme Yasmina Khadra lui ont rendu hommage. Le meurtre du jeune Djamel Bensmaïl a suscité l'émoi après un lynchage et une immolation d'une rare violence, commis par une foule qui l'accusait d'être un présumé pyromane. Une tragédie de plus qui vient s'ajouter aux sinistres événements qui secouent les quatre coins du pays, notamment la Kabylie depuis plusieurs jours. L'assassinat survient alors même qu'un formidable élan de solidarité a permis de venir en aide à des familles qui ont tout perdu : maisons, bétails, biens, toute une vie en somme. Djamel Bensmaïl, dit "Jimmy" par ses amis, était un artiste de la ville de Miliana (Aïn Defla), venu prêter main-forte aux habitants de Larbâa Nath Irathen, duquel il ne sortira malheureusement pas vivant. Afin que nul n'oublie ce drame et le visage de celui qui a injustement été tué, un collectif d'intellectuels a lancé une pétition pour ériger une stèle à sa mémoire, au lieu même où il a été assassiné. Les signataires de l'appel disent refuser "la division de notre nation et luttons sans répit pour affirmer notre solidarité, puisée dans notre Histoire", tout en réclamant que "la justice de notre pays se saisisse de ce meurtre avec préméditation aux fins de punir les auteurs et complices de ce triste forfait". Aussi, poursuivent-ils, "nous exprimons notre volonté de participer à l'érection d'une stèle à sa mémoire sur cette même place. C'est là le signe du civisme dont se distinguent les habitants du fief d'Abane Ramdane, un autre martyr mort assassiné par ceux qu'il pensait être ses frères". Son assassinat n'a pas laissé de marbre non plus le cercle artistique et littéraire. Entre condamnation de l'acte et hommage à Djamel, de la chanteuse Amel Zen, de l'écrivain Yasmina Khadra, en passant par la comédienne Mina Lachter, la mémoire du jeune Miliani a été célébrée entre émotion, condamnation et recueillement. Plusieurs témoignages posthumes de ceux qui l'ont connu décrivent un jeune homme sensible et humain, passionné par la nature, la peinture et la musique, solidaire de ses semblables à chaque fois qu'il en avait l'occasion. L'auteur de À quoi rêvent les loups a posté ce message sur les réseaux sociaux : "(...) Nous ne sommes rien les uns sans les autres. Nous ne sommes nous-mêmes que par les autres, c'est-à-dire nos compatriotes de tous les horizons, sans distinction. Que Dieu bénisse la terre de nos ancêtres, que soient bénis nos larmes, notre sang et notre sueur, sève sainte de tous les Algériens. Ce message est en hommage à l'artiste Djamel, lâchement supplicié par des monstres alors qu'il était venu apporter son aide aux sinistrés (...)" La chanteuse Amel Zen aussi a rendu hommage au jeune artiste. Un message émouvant qu'elle a posté pour ses abonnés, en demandant que toute la lumière soit faite sur ce drame : "Même si les condoléances ne suffisent pas pour atténuer la tristesse profonde de la famille de Djamel athyarham rebi, je tiens à les présenter à sa famille et à ses proches, à nous toutes et tous, à l'Algérie. Jimmy est un artiste de Miliana, qui voulait rejoindre la campagne de solidarité à Tizi, selon les différents témoignages, athyarham rebi. Son innocence rend cette tragédie encore plus lourde et meurtrie." Et l'artiste de continuer : "Notre solidarité et notre soutien envers la famille de ce jeune doivent être poignants et marqués. Halte à l'instrumentalisation de cette affaire à des fins de discorde ou de politique. C'est une affaire de justice (...) Les auteurs doivent payer."