Echanges à distance et tendus entre l'Iran et les Etats-Unis au sujet de l'accord sur le nucléaire iranien. Le président américain Joe Biden, pas encore sorti du bourbier afghan, risque d'en créer un autre avec l'Iran. L'Iran a accusé le président des Etats-Unis, Joe Biden, d'adopter la même position que son prédécesseur Donald Trump concernant le dossier nucléaire en réitérant ses mêmes exigences. Le guide suprême iranien Ali Khamenei a accusé hier le président américain Joe Biden d'avoir les "mêmes" exigences vis-à-vis de Téhéran que son prédécesseur Donald Trump sur la question du nucléaire iranien. L'ayatollah Khamenei a tenu ces propos alors qu'Occidentaux, Russes et Chinois attendent depuis fin juin un signe de la volonté de Téhéran de reprendre les discussions entamées à Vienne en avril pour tenter de sauver l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, torpillé trois ans plus tôt par M. Trump. "Le gouvernement américain actuel n'est en rien différent du précédent parce que ce qu'il exige de l'Iran sur la question nucléaire est, avec des mots différents, la même chose que ce que Trump exigeait", a déclaré M. Khamenei dans un discours dont des extraits ont été publiés sur son site internet officiel. "Sur la question nucléaire, les Américains n'ont vraiment aucune honte : alors même qu'ils se sont retirés (de l'accord de Vienne) au vu de tous, ils parlent désormais et font passer des exigences comme si c'était la République islamique qui s'était retirée" de ce pacte, a-t-il ajouté. Le numéro un iranien a tenu ces propos lors d'une rencontre avec le nouveau gouvernement iranien du président Ebrahim Raïssi. L'Iran se réserve le droit à une "réponse réciproque" face à Washington, a déclaré hier, par ailleurs, un haut responsable à Téhéran au lendemain de menaces lancées par le président américain Joe Biden. Celui-ci a affirmé que les Etats-Unis s'engageaient à s'assurer que "l'Iran ne développerait jamais une arme nucléaire". "Nous privilégions la diplomatie (...). Mais si la diplomatie échoue, nous sommes prêts à nous tourner vers d'autres options", a mis en garde M. Biden. "L'accent mis par Biden (...) sur l'utilisation d'"autres options" contre l'Iran, en plus de constituer une menace illégale contre un autre pays, fonde pour l'Iran le droit à une réponse réciproque contre ces options disponibles", a réagi sur Twitter le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Ali Chamkhani. Ce pacte offre à l'Iran un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique, et d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l'ONU. Mais il menace de voler en éclats depuis que l'ex-président des Etats-Unis, Donald Trump, avait annoncé en mai 2018 le retrait unilatéral de Washington de l'accord et le rétablissement de sanctions vis-à-vis de Téhéran. En riposte, l'Iran a progressivement abandonné à partir de l'année suivante la plupart des garde-fous à ses activités nucléaires qu'il avait acceptés dans l'accord. M. Biden a tenté de faire revenir Washington dans le giron de l'accord de Vienne, et des négociations se sont ouvertes en avril entre Iraniens, Occidentaux, Russes et Chinois dans la capitale autrichienne en vue de permettre cette réintégration. La dernière session a eu lieu fin juin après la présidentielle iranienne du 18 juin, remportée par l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi. Depuis que celui-ci a été investi, début août, les partenaires de l'Iran aux discussions de Vienne guettent un signe de la volonté de Téhéran de reprendre ces pourparlers. Mais le nouveau gouvernement affirme qu'en politique étrangère, sa priorité va aux pays "voisins (de l'Iran et à) l'Asie".