Par : Abdelhamid SENOUCI BEREKSI Les médias lourds de renommée et d'audience internationales sont focalisés ces jours-ci sur l'Afghanistan. Ce pays dont l'histoire est parsemée de luttes internes et d'ingérences extérieures multiformes abrite un peuple valeureux qui, malheureusement, a eu rarement, ces dernières années, le temps d'exercer sa pleine souveraineté sur son territoire. Ce dernier a été utilisé, à la fois, comme creuset et école du fondamentalisme violent basé sur une religion et comme fief du sunnisme intégriste ; le premier résultant de la fin du communisme et de la fabrication d'un nouvel ennemi, le second étant une réaction à la révolution shiite dans l'Iran voisin. Le nouvel /ancien Afghanistan né le 31 août 2021, après le départ des troupes américaines et la prise de Kaboul par les Taliban, reste un enjeu régional et international majeur. Si les ingérences étrangères se neutralisent, ce serait un répit pour les Taliban. Si elles restent actives et ciblées, dans ce cas, l'instabilité prévaudrait avec des guerres par procuration fréquentes et douloureuses. Les ingérences étrangères – sous différentes couvertures — peuvent émaner d'un premier cercle comprenant la Chine, la Russie et les USA, suivi d'un second comprenant l'Inde, le Pakistan, l'Iran et certains Etats du Golfe arabe qui peuvent agir directement ou par sous-traitance. L'intensité du conflit variera en fonction des acteurs et des intérêts. L'Algérie ne saurait rester indifférente à ce qui se passe en Afghanistan. L'Algérie a subi et pourrait encore subir les séquelles ou les retombées des ingérences étrangères en Afghanistan et ses conséquences sur le "nouvel Afghanistan". Je pense qu'un contact avec les nouvelles autorités de Kaboul est opportun. N'oublions pas que nombre d'Algériens ont suivi, dans les années 80, les mêmes formations idéologiques et militaires que les Taliban d'aujourd'hui. L'Algérie et le Maghreb ne sauraient accepter un autre facteur de violence et d'instabilité qui viendrait rappeler les années sombres, pas si lointaines. Un autre conflit s'invite au Maghreb, malgré la volonté de la majorité des Etats et des peuples du Maghreb, il s'agit du Moyen-Orient. Il est vrai que le Maghreb a été relativement épargné par les conflits ayant pour scène le Moyen-Orient. Notre région a servi davantage de forum politique à la Palestine. Parmi les événements notables, nous pouvons citer : L'accueil du siège de l'OLP par Tunis de septembre 1982 jusqu'à juillet 1994. L'abri de Tunis a résisté à l'horrible attaque israélienne contre le siège de l'OLP le 1er octobre 1985 qui a coûté la vie à 50 Palestiniens et à 18 Tunisiens. La proclamation de l'Etat de Palestine à Alger en novembre 1988 et les nombreuses réunions du Conseil national palestinien et du Parlement palestinien, abritées par Alger. La présidence par le Maroc du Comité El-Qods. Les positions de principe des pays du Maghreb en faveur de la Palestine et une relative neutralité à l'égard des autres conflits du Moyen-Orient ont prévalu durant de nombreuses années et assuré au Maghreb une relative liberté de décision. Cet équilibre, qui semblait être accepté par les acteurs du Moyen-Orient, vient de connaître un coup de semonce marqué par notamment : La déclaration du ministre israélien des Affaires étrangères hostile à l'Algérie et faite le 12 août dernier depuis le territoire marocain, ce qui constitue un acte gravissime sans précédent dans la région arabe dans son ensemble. L'officialisation des relations avec Israël par deux pays du Maghreb. Celle-ci n'est pas récente mais elle a pris une dimension et une tournure particulières avec l'extraordinaire publicité réservée aux accords dits d'Abraham. Ces facteurs, ajoutés à la fragmentation déclarée et notoire du monde arabe dans sa relation à la cause palestinienne, ouvrent le risque de voir le Maghreb définitivement instrumentalisé et impliqué dans le plan d'ensemble du nouveau Moyen-Orient. La menace est réelle et elle est aggravée par la multiplication des nouvelles formes d'expression via les réseaux sociaux et des sites de désinformation qui cherchent à brouiller les pistes et à éparpiller les efforts en vue de les affaiblir. La vigilance et la prudence sont de rigueur, les peuples du Maghreb ne doivent pas se tromper d'ennemis. L'extrémisme idéologique, façon afghane, la violence de l'occupation étrangère et de l'oppression des peuples, pratiquée au Moyen-Orient ne doivent pas se conjuguer au Maghreb. Les pays du Maghreb doivent se libérer de ces deux fléaux pour pouvoir construire le Maghreb dont rêvent leurs peuples. L'Algérie ne cesse de proclamer son attachement inébranlable à des principes fermes ayant pour finalités la stabilité, la résolution pacifique des conflits, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats et la coopération entre les peuples et les Etats. Elle affirme cela par la parole et par les actes. Par exemple, la formule "Une solution libyenne pour le problème libyen" qu'elle prône en toutes occasions et notamment lors de la réunion des pays voisins de la Libye qu'elle a abritée les 30 et 31 août 2021 n'est pas un slogan mais une conviction traduite en démarche politique responsable. La politique extérieure algérienne, animée par le président Abdelmadjid Tebboune et gérée par le ministre Ramtane Lamamra, respecte la volonté des peuples et œuvre pour la paix et la prospérité partagée en faveur du Maghreb, débarrassé des démons de l'expansionnisme et de l'oppression, du Sahel, libéré des ingérences étrangères non sollicitées et engagé dans une œuvre de paix et de réconciliation, de l' Afrique, en harmonie avec ses valeurs authentiques et enfin le reste du monde réuni autour des principes universels du vivre-ensemble inscrits dans la charte des Nations unies.