Les rédacteurs du document exigent que "toute la lumière soit faite et la justice rendue - avec la participation citoyenne - sur l'origine, les commanditaires et les auteurs des incendies et de l'abject assassinat de Djamel Bensmaïl". Estimant que les épreuves tragiques vécues récemment par plusieurs régions du pays prouvent, une fois de plus, que "le décalage entre la société et l'Etat est de plus en plus profond", plus d'une centaine d'universitaires, chercheurs, intellectuels, militants politiques et des droits humains, syndicalistes et journalistes appellent à "la mobilisation patriotique autour de la solidarité citoyenne" et exigent que "toute la lumière soit faite et la justice rendue — avec la participation citoyenne — sur l'origine, les commanditaires et les auteurs des incendies et de l'abject assassinat de Djamel Bensmaïl" et exhortent les Algériens "à demeurer unis contre toutes les manipulations et les manœuvres visant à casser leur union solidaire et à les détourner du sens de l'Histoire". "Celui du combat pour l'avènement d'un Etat civil conforme aux standards de notre temps, c'est-à-dire moderne, de droit, démocratique, social et ouvert à la pluralité de notre société qui est une exigence urgente et incontournable", écrivent-ils. Dans une pétition ouverte à l'adhésion des citoyennes et citoyens, parmi les premiers signataires figurent, notamment, Lahouari Addi, professeur des universités, Abdelmadjid Azzi, syndicaliste et auteur, Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie médicale, CPMC, Ali Brahimi, juriste, militant démocrate, Hosni Kitouni, historien, citoyen de Constantine, Mohamed Lahlou, professeur d'université, ancien responsable FFS, Abdesselam Mahana, enseignant à l'USTHB, Arezki Metref, journaliste, Sandra Triki, maître de conférences à l'Université d'Annaba, Ben Mohamed, poète, Mustapha Bouhadef, professeur d'université à la retraite, militant de la démocratie, Nouredine Benissad, avocat, président de la Laddh, Mohand Amer Ameur, historien, Crasc/Oran, Houari Abdelkrim, maître-assistant, Université de Mostaganem, et Menad Si Ahmed, climatologue, expert des Nations unies, estiment que devant "les épreuves dramatiques que notre peuple vient de vivre, dans dix-neuf wilayas, et qui ont tourné au tragique particulièrement en Kabylie où plus de deux cents femmes et hommes — civils et militaires — ont péri brûlés vifs dans des incendies dont le nombre et la simultanéité, posent cruellement la question de leur origine et nous interpellent". "Nous n'avons plus le droit de nous taire !" s'élèvent-ils, et d'assurer : "Notre devoir est d'être à la hauteur du défi et des enjeux." "Nous sommes sommés d'être dignes de la magnifique démonstration d'union, de fraternité et de solidarité donnée par notre peuple — lors du pic de la vague de Covid-19 et contre les incendies — et de l'attitude, impressionnante de noblesse et de courage, de Noureddine Bensmaïl, père du malheureux Djamel, victime d'un ignoble épisode d'hystérie collective meurtrière dont il faudra bien déméler l'écheveau et identifier les commanditaires pour sortir de ce traumatisme." Mettant en relief l'extraordinaire élan de solidarité manifesté par la société dans toutes les régions et au sein de la diaspora, les pétitionnaires soutiennent que "cette générosité et cet esprit de sacrifice sont la trame authentique de l'identité de notre peuple". "Ce sont ces mêmes valeurs qui avaient été les déclencheurs et les repères du Hirak, dans sa nature pacifique et dans son attachement à la cohésion et à l'unité du pays", estiment-ils. Néanmoins, ils relèvent avec amertume que "les citoyens affectés par ces deux épreuves n'ont pas pu s'empêcher de ressentir l'absence de l'Etat". Une absence incarnée, selon les rédacteurs de la pétition, par "un pouvoir obnubilé par la préservation de sa domination et de ses privilèges, pratiquant la récupération, la manipulation, le mensonge et la ruse, allant jusqu'à incriminer toute une région (la Kabylie) au risque de créer objectivement les conditions des confrontations fratricides aux conséquences incontrôlables". Une assertion qu'ils étayent par le fait qu'à l'exception de "la mise en cause de quelques lampistes tout récemment, la passivité de la justice face aux vidéos qui appellent à la 'vengeance contre les Kabyles' ou qui les stigmatisent est une autre preuve à charge quant à l'irresponsabilité des autorités". "L'absence de projet national d'avenir clair, le renoncement au rôle de l'Etat comme garant de l'intérêt général, la généralisation de la corruption à tous les niveaux, le détournement au profit de la puissance publique de l'Etat national, la complaisance complice envers tous les semeurs de haine (dont beaucoup se comptent parmi les clientèles et soutiens du système)" sont autant de griefs retenus par les signataires de la pétition contre les tenants du pouvoir. Et il en est de même s'agissant "du verrouillage des libertés, des coups de force contre la société et des faits accomplis institutionnels, politiques, économiques et sociaux qui sont autant de facteurs d'affaiblissement de notre Etat et de notre pays dans un contexte international et régional de plus en plus instable et agressif".