Le crime abominable dont a été victime le jeune artiste Djamel Bensmaïl ne doit pas être vain. C'est dans cet esprit que des intellectuels et des militants politiques ont signé un appel commun pour faire du sacrifice de "Jimmy" un élément pour renforcer la cohésion du peuple. Une cohésion qui s'est traduite par une forte mobilisation citoyenne au profit des régions touchées par les incendies criminels. Signé, entre autres par les universitaires Rachid Hanifi, Khaled Bensmaïl, Abderezak Dourari, Mhenna Abdeslam, Mhemmed Daoui, Mohamed Hennad, Lahouari Addi, Zoubir Arous, Tahar Khelfoune, Azzoug Lattifa, Abdelaziz Ould Ali, Hakim Amrouche, Kaddour Chouicha, Hocine Sifaoui, Salem Kessal, les militants Saïd Khellil, Nacer Haddad, Mohand Naït Abdellah, ainsi que plusieurs autres personnalités du monde universitaire, l'appel invite la communauté nationale à faire "en sorte que le sacrifice de Djamel Bensmaïl soit un élément fondateur d'une plus grande cohésion nationale entre les citoyens d'un même pays". Dans le même texte, les signataires ont également appelé "les Algériennes et les Algériens à fraterniser en surmontant leur douleur, à renforcer les liens de solidarité qui se sont exprimés lors de cette tragédie et à éviter le piège de la fitna préparé par les commanditaires du crime". Tout en dénonçant "ce crime abject", les signataires ont exigé que "toute la lumière soit faite pour que les coupables et les commanditaires soient traduits en justice". "Djamel Bensmaïl était un jeune Algérien. Artiste universaliste, militant des causes justes, il incarnait la résurgence d'une Algérie rêvée par la jeunesse de Février éprise de liberté et de joie de vivre", lit-on dans le texte, ajoutant que le défunt était "muni de son éternel sac à dos, la tête pleine de détermination et le cœur rempli de générosité, il débarqua en Kabylie pour apporter son aide à des compatriotes plongés dans une véritable apocalypse, une Kabylie dévorée par des incendies dont beaucoup d'indices montrent qu'ils sont allumés par des criminels". Dans la même trame des événements qui ont conduit à l'abominable assassinat de "Jimmy", les signataires de l'appel ajoutent qu'arrivé sur les lieux, plus précisément à Larbâa Nath Irathen, "entouré de la population locale, en compagnie d'un jeune venu de Chlef, il avait fait une déclaration à une chaîne de télévision où il exprimait toute sa tristesse devant la tragédie qui se déroulait devant ses yeux et où il avait lancé un appel à la mobilisation de toute la jeunesse algérienne pour venir aider leurs concitoyens kabyles". "Quelque temps après, dans des circonstances non encore élucidées, il fut arrêté par la police. La police, après avoir rendu publique l'arrestation d'un présumé pyromane, en l'occurrence le jeune Djamel, elle a été incapable d'assurer sa sécurité, alors qu'elle est légalement responsable de la sécurité et de l'intégrité des personnes qu'elle détient", estiment les signataires, ajoutant qu'"elle a abandonné Djamel à une foule en furie qui réclamait vengeance". "C'est alors que l'impensable s'est produit. Un crime absolu, indicible, innommable a été commis sur la personne de Djamel au pied de la statue d'Abane Ramdane, un autre héros assassiné par les siens", se désolent-ils. Pour eux, "les éléments d'un scénario élaboré par les tenants de la trajectoire du pire et qui a pour objectif la fracturation d'un pays qui, dans une volonté et des efforts toujours renouvelés, s'attelle à se donner les moyens pour faire une nation et entrer de plain-pied dans la modernité, se trouvent ainsi mis en place".