Les pouvoirs publics sont interpellés sur cette question puisque la production locale peut se substituer désormais pour une bonne partie aux importations, si la collecte de lait cru actuellement insignifiante devient plus systématique. La production laitière nationale est estimée, selon une étude élaborée par des spécialistes, à plus de 1,3 milliard de litres annuellement. Plus de 54% de cette production soit plus de 700 000 litres sont concentrés à l'est du pays. La collecte industrielle est de l'ordre de 130 millions de litres soit un taux de collecte de 9,88%. L'Algérie enregistre, selon la même source, un déficit de 4,7 milliards de litres. Or, une étude du Beneder en partenariat algéro-américain en 2003 indique que l'Algérie recelait des potentialités de couverture de ses besoins à hauteur de 90% soit environ 3,4 milliards de litres. La transformation est l'œuvre de 110 laiteries implantées sur l'ensemble du territoire y compris au Sud avec des capacités variables, allant de 1,5 à 108 millions de litres par année. La capacité de production installée dépasse les 3 milliards de litres de lait reconstitué. Ce qui, cumulé avec la production de lait frais, donne une capacité de l'ordre de 4,7 milliards de litres, dégageant, de ce fait, par rapport à la consommation, un excédent de l'ordre de 1 milliard de litres. Une étude plus récente indique en outre que seuls 100 millions de litres de lait de vache sont collectés auprès des éleveurs pour une utilisation comme matière première. Le reste est importé sous forme de poudre de lait à raison de 1 850 euros la tonne. Il a été importé plus de 4,75 millions de tonnes de lait en poudre entre 2004 et 2005. La hausse de 30% qu'ont subie il y a quelques mois les tarifs de la tonne de lait en poudre n'a, par ailleurs, pas été sans conséquence sur les prix appliqués par les producteurs. Certains commerçants le commercialisent à 38 DA voire 40 DA. Ce qui a fait dire aux dirigeants de cette entreprise que les tarifs actuels du lait ne reflètent guère les prix de revient du litre. À noter que le lait occupe la troisième place, selon la même étude, en terme de ventes en valeur après les jus et les sodas. Sur un autre registre, les experts estiment, précise-t-on dans l'étude élaborée par le bureau d'études Ac Nielsen, qu'à compter de l'année prochaine, les prix du lait risquent de connaître une hausse. Cette augmentation sera due à la décision de l'Union européenne de ne plus subventionner le lait en poudre. Une telle mesure aura ainsi des conséquences directes sur les tarifs pratiqués par les producteurs privés. L'entreprise publique Colaital sera, elle aussi, affectée par la flambée des prix qui en résultera. Au jour d'aujourd'hui, le prix du sachet de lait pasteurisé produit par Colaital est réglementé à 25 DA. Si l'Etat décide de ne pas intervenir sur les tarifs en allégeant son soutien, le citoyen achètera certainement son sachet de lait à un prix qui avoisinerait les 40 DA. Ce changement sera perçu sur un marché annuel estimé à 1,7 milliard de litres et une consommation de 57 litres/habitant/an. Le marché du lait pasteurisé est fragmenté sur plus de trente marques dont le leader est Colaital avec 38% de parts en volume et de 33% en valeur. Pour le modèle UHT (ultra haute température), le marché durant la période de février et mars 2004 est détenu par Candia à raison de 7%. Le reste est partagé entre le lait Tell qui a arraché 19% et Kid Trefle (2%). Badreddine K.