Résumé : Latéfa s'enferme dans sa chambre et pleure sur son sort. Elle aime Tarek, mais la maladie ne lui laisse pas le choix, elle préfère qu'ils se séparent maintenant. Elle ne se fait pas d'illusions, la maladie et les traitements allaient la changer autant moralement que physiquement. Lila la joint et s'étonne de son absence et des raisons de son silence. Latéfa lui résume ce qu'elle est en train de vivre. Lila tente de la raisonner. -Ce n'est pas le moment de baisser les bras. Les jours où tu te sentiras faible, nous serons là pour te soutenir. Tarek t'aime vraiment... Tu n'aurais pas dû. Si tu le voyais le pauvre. -Moi aussi, je l'aime, s'écrie Latéfa, mais je ne me supporte plus. Je m'imagine sans cheveux, amaigrie ou déformée par les traitements. Je ne veux ni de son amour qui se transformera en pitié, ni encore moins de son rejet. Si la maladie m'effraie au point de me glacer le sang, imagine les autres. -Tu ne dois pas penser à ça. Ceux qui t'aiment resteront avec toi, quoi qu'il arrive, la rassure Lila. Même si tu changes d'aspect, nous te connaissons, Latéfa, la vraie. Concentre-toi sur ce qu'il y a de positif dans ta vie. Dis-moi quand est-ce qu'on se voit ? Tu me manques, tu sais. -Demain, je me fais opérer, lui apprend elle, mais passe quand tu veux. Tu es la bienvenue. -Inchallah que tout se passera bien. J'ai encore du boulot. Je préfère que tu te reposes et que tu profites de ta famille. J'appellerais tes parents pour avoir de tes nouvelles. Je croise les doigts pour toi et prierais pour toi. -Merci ma sœur. Alors qu'elle vient de raccrocher, le téléphone sonne à nouveau et elle a mal au cœur en voyant l'identifiant où elle apparaît avec Tarek, tous deux heureux. La photo prise lors des fiançailles est si belle et lui rappelle les jours heureux. Elle refuse de décrocher. Elle souffre et elle en veut au monde entier. Pourquoi cela lui arrivait-elle ? Tarek rappelle, insistant. Aveuglée par les larmes, elle doit s'y prendre deux ou trois fois pour refuser l'appel et le bloquer. Il devra s'y faire et accepter sa décision. Elle se met à ranger leurs photos dans des tiroirs et les cadeaux qu'il lui a offerts au fil des années lui font de l'œil. Ils lui rappellent qu'ils étaient heureux avant ce jour maudit où elle a découvert qu'elle a cette tumeur. Respirant à fond, elle tente de se raisonner. Si la couturière n'avait pas insisté, elle serait passée à côté. Elle aurait continué les préparatifs de son mariage et serait encore avec Tarek, vivant chaque jour, dans l'insouciance et l'inconscience. Sa vie n'aurait pas été chamboulée, mais jusqu'à quand ? Jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Latéfa doit s'estimer heureuse, car elle sera soignée à temps. Perdue dans ses pensées, elle n'a pas vu le temps passé. Des petits coups à la porte, l'arrachent de ses pensées, c'est son père. -Latéfa benti, ouvre, j'ai du nouveau. -Entre... Mais elle a oublié avoir fermé la porte à clef. Elle s'empresse d'aller lui ouvrir. -Qu'y a-t-il ? -Je reviens de l'hôpital. Mon ami m'a demandé de te ramener maintenant, lui dit-il. Tu vas passer la nuit là-bas et tu seras opérée, à la première heure, lui apprend-il. Allez, prépare-toi, il nous attend. -Donne-moi quelques minutes. Je vais prendre une douche. J'ai sué, j'ai pleuré... Je ne peux pas me présenter comme ça au service. Je promets de ne pas tarder. Latéfa prend des vêtements de rechange et file sous la douche. Comme promis, elle ne tarde pas, moins d'un quart d'heure après, elle rejoignait ses parents dans le salon. Sa mère est encore remontée contre elle et s'en prenait à son père. -Tu sais ce qu'elle a fait et tu n'as pas dit un mot. Pour toi, c'est normal. Pourquoi tu ne l'applaudis pas ? C'est tout ce qui manque. -Et alors ? Quoi qu'elle ait fait, elle a mon soutien, rétorque Da Ali. Elle a ses raisons. Comme d'habitude, il faut que tu en rajoutes. Ce n'est pas le moment d'en discuter, il y a plus urgent. -Elle se gâche la vie et tu voudrais que je me taise. Tarek est venu tout à l'heure. Le pauvre... -Je n'ai pas parlé de rompre, mais de faire une pause. Je pensais avoir été claire avec lui. Dans quelques mois, on verra... Si je suis encore là ? S'il ne sera pas passé à autre chose, on reprendre. Mais pas avant, maman, rien de ce que tu diras ne me fera changer d'avis. Je croyais que tu l'avais compris. Papa, tu m'as demandé de me préparer. C'est chose faite, partons. Houria s'apprête à prendre son sac à main, mais sa fille la stoppe d'un geste de la main. -Je préfère que tu restes ici. Je t'en prie, je n'ai pas la force de me quereller ave toi.
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