Résumé : Latéfa lui explique les raisons de cette pause qu'elle voulait dans sa vie. Da Ali espère que Tarek saura être patient et qu'elle reviendra sur sa décision. Il ne cherche pas à l'influencer, car il y a plus urgent. Il la dépose à la maison, sa mère est déjà au courant. Elle est furieuse et lui reproche de gâcher sa vie. Latéfa lui rappelle que sa vie ne sera plus la même après l'intervention et les soins. -Oui mais comme vous le dites, la science a fait de grandes avancées. Il y a aussi la médecine traditionnelle... Tout... Latéfa ne veut plus rien entendre. Elle monte à sa chambre et s'y enferme. Elle n'a pas envie de se disputer avec sa mère. Elle se sent faible. Elle ne sent plus son cœur battre, elle l'a mis en morceaux, en décidant de rompre avec Tarek alors qu'elle l'aime de tout son cœur. C'est une épreuve difficile et elle ne veut pas rendre de compte. La maladie ne lui laisse pas le choix. Alors que d'autres s'accrochent à leurs familles, à leurs amis, elle a choisi de "faire une pause", durant un temps indéterminé. Car, même s'ils s'aiment maintenant, rien ne lui assurait qu'il serait encore là lorsqu'elle changera physiquement et moralement. Les séances de chimiothérapies ne seront pas une partie de plaisir d'où elle ressortira toute fraîche et pimpante. Elle n'a pas encore commencé que son moral en avait pris un coup. Son corps suivra, ce qui sautera aux yeux de tous. Latéfa se caresse les cheveux qu'elle a longs et ondulés. Elle sait qu'elle les perdra dès les premières chimiothérapies et elle n'en supporte pas l'idée. Elle adore ses cheveux et en prend grand soin. Ses cils et ses sourcils aussi. Même en fermant les yeux, l'image d'elle s'impose et l'angoisse. Dans la galerie de son portable, il y a tout un album de coiffures qu'elle envisageait d'essayer pour son mariage. Elle pense aux jolies tenues décolletées qu'elle ne pourra plus porter après l'opération. Elle se demande si la cicatrise sera visible et si elle n'aura pas besoin de faire de la chirurgie esthétique pour qu'elle ne soit pas visible. Mais ce serait la dernière étape. Elle se rappelle une cousine, à sa mère qui avait eu un cancer. Elle garde encore d'elle les souvenirs de son visage pâle et bouffi, des cernes bleus sous ces yeux et des œdèmes aux bras et aux jambes. Elle s'arrache les cheveux rien qu'en s'imaginant comme elle. Lorsqu'elle croise son regard apeuré dans la glace de la coiffeuse, elle ne se reconnaît plus. Elle, la jeune femme joyeuse au regard pétillant, s'est comme éteinte. Elle n'arrive plus à sourire. Elle est si triste et ses larmes ne tarissent pas. La sonnerie de son portable l'interrompt dans ses sombres pensées. Il est resté sous son coussin là où elle l'a glissé la veille. C'est son amie Lila qu'elle n'a pas revue depuis qu'elle lui a confié le salon. Cela lui fait plaisir de l'entendre. Elle ne s'en rend compte que maintenant, mais elle lui manque terriblement . -Eh ben, dis donc, cela fait un bail, dit l'amie. À chaque fois que je t'appelais, ton portable était éteint. Ghir elkhir ? Que du bien inchallah ! -Du bien ? J'ignore ce que c'est depuis l'autre jour... -Pourquoi tu n'as pas donné signe de vie ? On aurait parlé, dit Lila. Peut-être que j'aurais pu t'aider. Nous sommes beaucoup plus des sœurs que des amies. J'ai respecté ton silence et le fait que tu veuilles t'occuper de toi... Mais je suis là, raconte-moi. Latéfa lâche un long soupir, puis renifle. Elle qui tenait à être seule, veut bien se confier à son amie. -Lila, je suis perdue. Figure-toi que mes affaires sont prêtes. Je dois subir une opération, lui apprend elle. Et puis, comme si ce n'était pas assez, j'ai rompu. J'ai dit à Tarek qu'on annulait notre mariage. Je préfère qu'on se sépare maintenant, car je ne supporterais pas qu'il me rejette un jour. Tu comprends ? -Ma chère sœur, ton amoureux est passé discuter, lui dit Lila. Le pauvre ne comprend pas ce qui arrive et ce qui te pousse à rompre. Il ne supporte pas d'être loin de toi. Figure-toi qu'il m'a demandé de te parler et de te faire entendre raison. Il est malheureux, je l'ai vu pleurer. Latéfa, tu as agi sur un coup de tête ? -J'ai reçu un coup dur et ça t'ouvre les yeux sur l'essentiel, affirme Latéfa. Avec cette maladie et ces soins, je m'attends au pire. -Mais il tient à toi. Tu le connais très bien, lui rappelle Lila. Il t'aime et il est prêt à tout pour toi. -Je n'en sais rien... Je doute de tout... Je suis à bout... La peine l'étouffe, elle ne peut plus parler. Lila l'entend pleurer à l'autre bout du fil. Elle ne raccroche pas et tente de lui remonter le moral, espérant qu'elle entende. Si elle écoute son cœur, elle se rendrait directement chez elle, mais elle sait que sa mère n'apprécie pas les visites surprises. Alors elle reste en ligne avec elle et espère qu'elle saisisse un seul mot de ce qu'elle lui crie au téléphone.
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