Les réponses du ministre des Finances font oublier que l'assainissement du marché de la concurrence déloyale, de la contrefaçon, de l'informel et de la corruption en est à ses balbutiements. Le grand argentier du pays tente de rassurer les opérateurs privés : la tendance est à la baisse de la pression fiscale ; les problèmes d'accès au foncier industriel seront bientôt réglés ; les difficultés de financement de l'exploitation et de l'investissement seront incessamment surmontées à travers les progrès de la réforme bancaire dont les premiers fruits seront perceptibles l'an prochain. Ce discours optimiste est en partie convaincant. Car il faut reconnaître que des efforts plus importants qu'auparavant sont consentis par les pouvoirs publics pour améliorer le climat des affaires en Algérie. Mais le gouvernement est loin d'avoir réglé les problèmes qui empoisonnent la vie, et des entreprises et des citoyens. D'abord, ces améliorations s'effectuent à un rythme assez lent au point de décourager maints investisseurs nationaux et étrangers. Ensuite, les réponses du ministre des Finances font oublier que l'assainissement du marché de la concurrence déloyale, de la contrefaçon, de l'informel et de la corruption en est à ses balbutiements. Sur ce point précis, tant que de réels progrès ne sont pas enregistrés, il est vain de s'attendre à un développement durable et à une création significative de richesses et d'emplois. Dans ce contexte, l'économie de bazar joue à plein régime. Le commerce au gain facile règne aujourd'hui sur la production. À tel point que la hausse actuelle des importations, qui plus est, à la veille de la montée en cadence du plan de relance, est devenue préoccupante face à la stagnation des exportations hors hydrocarbures. Elle constitue à moyen terme une menace sérieuse à la stabilité financière du pays en cas d'un retournement du marché pétrolier. Pis, l'Algérie continue de souffrir de la surpolitisation de l'économie. Des banques publiques en particulier accordent des crédits non pas selon des critères universels de rentabilité du projet mais suivant les accointances ou non avec le sérail. Le pays continue du reste de naviguer à vue. Pas de stratégies sectorielles. Pas de définition des secteurs où l'Algérie présente des avantages concurrentiels qui nécessitent d'être encouragés. De surcroît, face à l'impérieuse mise à niveau des entreprises, devant les sérieuses menaces de faillite de sociétés et de perte d'emplois consécutives à l'ouverture plus large du marché, le soutien de l'Etat reste timide. Quant aux simples citoyens soumis au paiement d'une infinité de taxes, ils s'accrochent depuis des années à l'espoir d'une plus grande justice fiscale. K. R.