Lors de la séance de débat en plénière, tenue hier au Conseil de la nation et consacrée au plan d'action du gouvernement, le sénateur du Front des forces socialistes (FFS), Abdenour Derguini, a interpellé le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, sur "les arrestations arbitraires d'activistes politiques, des militants associatifs et même des journalistes" opérées par les autorités sécuritaires et judiciaires depuis quelques mois déjà. "Du haut de cette tribune, je joins ma voix à celle de notre parti, le FFS, pour dénoncer la politique du tout-sécuritaire prônée par les décideurs et le recours systématique des autorités à la répression pour étouffer les revendications populaires de liberté, de dignité et de justice sociale", a déclaré, d'emblée, le parlementaire de la circonscription administrative de Béjaïa. L'orateur a tenu à souligner, au passage, que cette séance de débat des membres du Sénat "coïncide avec la persistance de la crise politique multiforme que vit notre pays. Personne ne peut nier sa gravité et sa complexité". Selon lui, ces conditions "très difficiles" viennent s'ajouter à la pandémie de coronavirus et aux incendies que l'Algérie a connus il y a un mois. "Aujourd'hui, nous avons un besoin urgent de sagesse et de calme", a-t-il martelé. Sur sa lancée, le sénateur du FFS se demande comment on peut accuser un manifestant pacifiste "de crime, de conspiration contre l'autorité de l'Etat et de menace à l'unité nationale, alors que son seul tort est de participer à une marche pacifique avec des milliers d'hommes et de femmes ?". À ce titre, il promet, d'ailleurs, d'adresser une question écrite au ministre de la Justice, garde des Sceaux, sur cette question, ainsi que sur tous les prisonniers d'opinion "qui subissent des persécutions judiciaires et des abus policiers". "Je ne pense pas qu'il soit possible de construire les bases d'un Etat de droit et de libertés, et d'un nouveau système de gouvernance avec un tel comportement et une criminalisation de l'action politique", lancera ce membre de la Chambre haute du Parlement à l'adresse du Premier ministre, présent dans l'hémicycle. Et d'ajouter que "par conséquent, nous vous demandons à cette occasion de prendre des mesures politiques urgentes, afin d'instaurer un climat de calme et de tranquillité en libérant immédiatement les prisonniers d'opinion et en ouvrant le champ politique et médiatique, d'autant plus que nous sommes à la veille des élections locales". Par ailleurs, le parlementaire du FFS estimera que le document présenté par le gouvernement Benabderrahmane "ne reflète guère les circonstances difficiles que traverse le pays à différents niveaux", pointant "une absence de vision et de perception, ainsi que la faiblesse des politiques publiques qui reproduisent l'échec à tous les niveaux". Pour l'intervenant, la crise que traverse le pays "n'est pas technique, mais plutôt politique. Elle nécessite une vision, une stratégie, un plan de travail à la hauteur des aspirations du peuple Algérien".