Le général major Ali Ghederi, condamné à quatre ans de prison ferme le 23 septembre dernier, n'est pas près de se taire devant l'"arbitraire" qui le frappe et encore moins de plier sous les coups de "certains milieux qui cherchent à entretenir le doute dans les esprits et jeter l'opprobre sur ma personne pour des considérations et des desseins politiques et aisément identifiables", écrit-il, depuis sa prison de Koléa, dans une lettre rendue publique hier. Le général major, ex-candidat à la présidentielle avortée de 2019, qui a toujours clamé son innocence, a rappelé, encore une fois, que son emprisonnement "injuste" est motivé par des considérations purement politiques. " Nous sommes tous convaincus que ce serait mésestimer et insulter l'intelligence du peuple et de son élite que de chercher à faire admettre le caractère fortuit et encore moins innocent, de ces actions", lit-on dans cette lettre. Des "actions", ajoute-t-il, qui "obéissent à une stratégie et à un agenda politique". Jeté en prison le 13 juin 2019 pour "atteinte au moral de l'armée", Ali Ghediri a été mis en détention provisoire pendant vingt-sept longs mois avant d'avoir droit à un procès, le 23 août dernier. Lorsque le juge a rendu son verdict, en condamnant Ali Ghediri à quatre ans de prison ferme, ses avocats mais également des pans entiers de la société – convaincus de l'innocence du général major et enthousiastes quant à sa libération – ont reçu un véritable coup de massue. À ces nombreux citoyens, aux dizaines de personnes solidaires venues assister à son procès, Ali Ghederi leur dira, dans sa missive, qu'ils "incarnent la résilience face à l'absurde. La résilience devant cette absurdité immonde qui voudrait imposer à l'Algérie d'avancer à contre-courant de l'histoire", écrit encore cet homme qui ne veut pas plier devant l'"injustice" qui le frappe. "NON ! Vous, moi et des millions d'Algériens sont résolus à aller dans le sens qu'a indiqué à ce peuple la déclaration du 1er Novembre 1954." Certes, le chemin, poursuit-il, sera "long", et la cause requerra immanquablement encore des sacrifices "mais, pour ma part, je consens à ce sacrifice et fais miennes les valeurs que nos six immortels m'inspirent", ajoute-t-il. Dans sa lettre, le détenu politique n'a pas manqué de fustiger certains organes d'information quant à ce qu'ils ont rapporté le jour de son procès, tenu au tribunal de Dar El-Beïda, dans l'est de la capitale. Sans les citer, Ali Ghediri fait notamment allusion au quotidien arabophone Ennahar. Ces médias ont, en effet, évoqué, faussement, d'autres chefs d'inculpation pour lesquels le général major à la retraite aurait été condamné. "Je profite de cette occasion pour mettre certaines choses au clair, s'agissant notamment de ce qu'ont rapporté certains organes d'information. L'unique chef d'inculpation pour lequel j'ai été condamné par le tribunal criminel de première instance de Dar El-Beïda à quatre années de prison ferme est 'participation en temps de paix à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale'. Art 75/cp. Toute autre information se rapportant à ce sujet ne peut que relever de la désinformation malintentionnée, tant l'audience était ouverte au public et aux organes de presse", écrit Ali Ghediri, avant de conclure : "L'histoire nous enseigne qu'aucune force quelle qu'elle soit n'a pu avoir raison des peuples résolus. La démocratie est loin d'être une lubie. Elle est inscrite dans l'ADN de la Révolution algérienne."