Après plus de deux années de détention, le procès du général à la retraite et ex- candidat à la présidentielle avortée d'avril 2019, Ali Ghediri, se tiendra ce 22 septembre devant le tribunal criminel de Dar El Beïda. Que reproche-t-on à Ghediri? «Rien», répondent ses avocats soutenant que le dossier de leur client «est quasi vide». Ghediri est poursuivi pour «participation en connaissance de cause à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la Défense nationale». Cette charge, faut-il le rappeler, est la seule qui est actuellement retenue contre le général à la retraite après que la chambre d'accusation près la cour d'Alger a prononcé un non-lieu pour «complicité dans la communication des informations à des agents étrangers portant atteinte à l'économie nationale». Ce sont là les deux chefs d'inculpation pour lesquels le général à la retraite a été placé en détention le 13 juin 2019. Une année après, la chambre d'accusation annonce ne retenir que la démoralisation de l'armée. Une décision contre laquelle la défense va introduire un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Et cette haute juridiction va accepter, en janvier dernier, le pourvoi et cassé la décision de la chambre d'accusation en renvoyant l'affaire devant la même juridiction autrement composée. La Cour suprême a estimé dans son arrêt que la chambre d'accusation ne «s'est pas arrêtée à la présomption de culpabilité» en considérant «les faits établis», alors que «seul» le magistrat du siège détient «les prérogatives de juger». Pour les avocats, l'arrêt était vraiment «porteur d'espoir» dans la mesure où même le chef d'inculpation «d'entreprise de démoralisation de l'armée» a de fortes chances d'être lui aussi abandonné, étant donné que le prévenu Ali Ghediri «était seul et ne faisait partie d'aucune entreprise pour porter atteinte au moral de l'armée». L'optimisme était de mise à cette époque d'autant que le verdict de la chambre d'accusation était attendu dans une atmosphère empreinte d'apaisement après les mesures de grâce décidées par le président de la République. «Nous avons espoir qu'Ali Ghediri sorte ce dimanche de prison surtout avec les mesures d'apaisement décidées par le président de la République», n'avait pas manqué de déclarer un membre du collectif des avocats de Ghediri la veille du 21 février dernier. Coup de théâtre. La chambre d'accusation va refroidir toutes les ardeurs. Elle a annoncé, en plus du rejet de la demande de liberté provisoire, le maintien de Ghediri en détention et le renvoi de son dossier devant le tribunal non pas correctionnel mais criminel de première instance. Un état de fait qui a toujours été dénoncé par les avocats du détenu qui, contrairement à d'autres accusés pour les mêmes chefs d'inculpation, sont passés en correctionnel. Selon ses avocats, Ghediri aurait refusé au 22 février, d'être mis en liberté provisoire, disant qu' «accepter la liberté provisoire est reconnaître les faits reprochés « et c'est la raison pour laquelle le procureur le chargea de passer en criminelle». Mais qu'il soit poursuivi en criminel ou en correctionnel, pour Ali Ghediri cela importe peu. Serein, l'homme clame son innocence depuis le début et exige le rétablissement de tous ses droits. Il avait entamé une grève de la faim pour dénoncer son incarcération, avant qu'il ne soit infecté par la Covid-19 dans sa cellule. «Tout ce que j'ai subi durant mon confinement politique à la prison d'El Harrach a une seule source et une seule cause, à savoir ma candidature à l'élection présidentielle du 18 avril 2019, criminalisée volontairement sur la base de mon programme électoral», a-t-il,d'ailleurs, écrit dans une lettre, l'été 2020. Ses avocats,également, affirment que l'accusation retenue contre leur mandant «est insensée», que le dossier «est vide» d'autant plus qu'«il n'y a aucun élément matériel qui conforte l'accusation et qu'elle est à l'encontre d'un ancien général -major qui a toujours servi son pays en étant dans cette institution militaire et qui a toujours appelé à la souveraineté de cette institution». De son côté, le comité de soutien du général à la retraite ne cesse de rappeler que «Ali Ghediri est un innocent, sain moralement, intègre économiquement. Il est temps que le calvaire imposé à cet ex-haut cadre de l'Armée nationale populaire, sa famille et soutien cesse». Ce 22 septembre sonnera-t-il la fin du calvaire pour Ghediri? Dites-le droit!