Ce phénomène d'ensablement qui a pris de l'ampleur durant la dernière décennie a empiré ces deux dernières années. Les marins pêcheurs du port de Zemmouri El-Bahri gardent toujours en mémoire le drame survenu dans le courant des années 80 et qui a coûté la vie à 7 marins pêcheurs, lorsque leur embarcation a chaviré lors de son entrée au port. L'incident a été essentiellement causé par un fort taux d'ensablement de la passe (passage étroit et principal du port), conjugué à de très mauvaises conditions climatiques le jour du drame. "Ce problème, qui traîne en longueur et qui s'aggrave encore plus, angoisse toujours les professionnels de la pêche. Ils ont de tout temps redouté ce genre d'incident qui peut survenir à tout moment. Ce phénomène d'ensablement qui a pris de l'ampleur durant la dernière décennie a empiré ces deux dernières années. Il fait craindre le pire", a déclaré à Liberté Dramcheni Sofiane, président de la chambre de pêche de la wilaya de Boumerdès. Une situation, assure ce responsable, portée à la connaissance du directeur des travaux publics de la wilaya, secteur habilité à prendre en charge les travaux de dragage du port. À ce propos, le directeur de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya, Hebbache Hamza, affirme que des actions sont envisagées pour la mise à niveau de la passe, et avance qu'une délégation mixte s'est rendue sur place dernièrement pour faire un état des lieux et parer à cette situation d'urgence. Pour sa part, le directeur des travaux publics de la wilaya, Yahia Meziane, a indiqué à ce sujet que des travaux de dragage seront engagés dès que possible pour remédier temporairement à cette situation et enlever le surplus de sable. Mais il précise par ailleurs que ses services ont introduit une demande auprès du ministère de tutelle à l'effet d'inscrire une opération d'envergure, dans le cadre de l'adoption de la loi de finances 2022. La sonnette d'alarme est tirée selon M. Dramechni, qui avertit qu'à l'approche de l'hiver, période propice au mauvais temps, cette situation est appelée à empirer. "Un drame est vite arrivé si un bateau de pêche étranger au port de Zemmouri, par mauvais temps et par méconnaissance de la situation d'ensablement avancé du chenal, s'engage pour entrer au port", alerte ce professionnel du secteur. Lors de la visite de travail et d'inspection effectuée lundi par le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Hicham Sofiane Salaouatchi, au port de Zemmouri, M. Dramechni a rappelé que les marins pêcheurs du port de Zemmouri n'ont pas manqué de soulever au ministre ce problème d'ensablement du chenal. Ceci sans omettre bien sûr les problèmes inhérents à la promulgation du décret exécutif portant création des coopératives de pêche dont le dossier a été ficelé et a fait objet de consensus durant les trois rencontres régionales qui se sont déroulées à Skikda, Oran et Tipasa. Le lancement de ces coopératives leur facilitera énormément la tâche et aboutira à une meilleure organisation de l'activité. La revendication qui concerne l'intégration de la profession de marin pêcheur dans la catégorie des métiers qui nécessite une mise en retraite de cette catégorie de professionnels à l'âge de 50 ans au lieu de 60 ans, au vu de la spécificité de la profession, a été également posée. Par ailleurs, concernant le port de cap Djinet et en l'absence d'un poste de contrôle des gardes côtes, cette structure est en proie à l'anarchie, avance le responsable de la chambre. Elle est d'ailleurs une revendication des marins pêcheurs sur place. Quant aux professionnels de la pêche qui activent au port de Dellys, ajoute ce responsable, ils revendiquent la réactivation du comité de surveillance du port pour mettre fin aux agressions et aux vols qui y sont perpétrés. Notons que la chambre de pêche de Boumerdès a recensé 2200 professionnels inscrits à son indicatif entre armateurs et marins pêcheurs, avec une flottille composée de 600 embarcations entre bateaux de pêche et petits métiers. S'agissant de la production halieutique durant ce trimestre (juillet, août et septembre 2021), elle enregistre une augmentation de 27% avec une production de 2459 t toutes catégories de poissons confondus. Le pic a été enregistré au mois de septembre avec une production de 1371 t selon les chiffres communiqué par Hebbache Hamza, premier responsable du secteur à Boumerdès.