À compter de cette semaine, les détenus seront jugés en présentiel dans les tribunaux d'Oran et non plus par visioconférence tel que cela avait été décidé au printemps 2020 comme mesure de lutte contre la propagation du coronavirus. Ayant constaté un net recul de la crise sanitaire, les autorités judiciaires viennent ainsi d'autoriser le retour des jugements en présentiel au grand soulagement des avocats de la défense qui avaient maintes fois dénoncé une atteinte au droit des détenus à un procès équitable : impossibilité d'interagir avec le juge, mauvaise qualité de liaison, perturbation et coupures de la connexion, reports des procès..., tous ces aléas ne permettant pas de réunir les conditions pour un procès juste et équitable. C'est en tout cas ce que les avocats de la défense ont dénoncé à plusieurs reprises, certains étant même allés jusqu'à quitter la salle d'audience en signe de protestation. Cela s'est produit en juillet 2020, déjà, au tribunal de Felaoucène, à Oran, lorsque le procès d'un promoteur immobilier avait été "une nouvelle fois" décalé en raison de l'indisponibilité de l'équipement de visioconférence. Les tribunaux d'Oran étaient, en effet, dépendants d'un seul matériel pour visioconférence qui faisait le tour des salles d'audience pendant toute la semaine. En colère, une quarantaine d'avocats avaient investi la salle des pas perdus pour dénoncer des "conditions de travail indignes (...) et une organisation des activités judiciaires au détriment des justiciables". Les avocats qui s'interrogeaient sur l'entêtement des autorités judiciaires à ne pas se procurer d'autres appareillages pour alléger la pression sur les tribunaux estimaient que le retour à des procès normaux était primordial pour le bien de la justice. La semaine dernière encore, l'Union nationale des ordres des avocats (Unoa) était montée au créneau pour demander l'arrêt des jugements à distance qui, avait-elle alerté, "portent atteinte aux droits des détenus et aux droits de l'Homme" et "constituent une grande injustice à l'égard des personnes arrêtées".