L'organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International demande aux autorités algériennes d'annuler la condamnation à six mois de prison ferme du chrétien, Foudhil Bahloul, âgé de 35 ans. "Les autorités algériennes doivent immédiatement annuler la condamnation de Foudhil Bahloul, converti au christianisme qui a été poursuivi en justice uniquement à cause de ses convictions religieuses, et abandonner toutes les charges retenues contre lui", a déclaré Mme Amna Guellali, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International. La responsable de cette ONG de défense des droits de l'Homme déplore, en outre, que ce jeune homme de confession chrétienne soit "déclaré coupable au titre d'une loi utilisée pour réprimer les minorités religieuses et restreindre le droit à la liberté de religion et de conviction". Elle rappelle, au passage, que le mis en cause a été condamné le 21 juillet dernier, à six mois d'emprisonnement assortis d'une amende de 100 000 DA par un tribunal de la wilaya d'Aïn Defla, en raison d'un virement de 200 euros sur son compte bancaire, qui a été considéré comme "un don non autorisé au titre d'une loi discriminatoire régissant les cultes autres que le culte musulman". Allusion faite ici aux dispositions de l'ordonnance n°06-03 du 28 février 2006 fixant les conditions et règles d'exercice des cultes autres que musulman. Une loi controversée qui continue de susciter l'inquiétude des défenseurs des droits humains et des libertés d'opinion, de pensée et de culte. "Cet homme n'aurait de toute façon jamais dû être poursuivi en justice. Cette loi discriminatoire est utilisée pour réprimer les personnes qui ne sont pas musulmanes, ce qui constitue une attaque contre les libertés fondamentales", s'indigne Mme Amna Guellali. Après avoir rappelé les circonstances dans lesquelles avaient été arrêtés, le 17 avril passé, Foudhil Bahloul et trois de ses amis à Aïn Defla, par des gendarmes qui avaient fouillé son domicile et saisi des livres et des documents liés à la foi chrétienne, la directrice adjointe d'Amnesty International au niveau de la région Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord estime qu'"au lieu de s'en prendre aux fidèles des religions autres que l'islam, les autorités algériennes devraient s'efforcer de protéger le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion et de conviction, qui comprend la liberté de manifester sa foi". À noter que Foudhil Bahloul avait été poursuivi en justice pour "collecte de dons et acceptation de cadeaux sans autorisation des services autorisés", au titre de la loi n°06-03, après avoir reçu une somme de 200 euros d'un ami en Allemagne, à titre d'aide financière parce qu'il était sans emploi, précise-t-on. "Il a été jugé en l'absence d'un avocat et les témoins n'ont pas été autorisés à témoigner devant le tribunal", déplore encore Amnesty International. Et d'ajouter que "les autorités devraient cesser de harceler et d'arrêter les personnes qui appartiennent à des minorités religieuses, et laisser les gens pratiquer leur foi comme ils l'entendent". Enfin, il y a lieu de préciser que le verdict dans le procès en appel de ce jeune chrétien est attendu pour le 10 novembre prochain.