Le film d'expression amazighe intitulé "Argu" (rêve), réalisé par le cinéaste Omar Belkacemi, vient de décrocher deux prix à la 32e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), qui se sont déroulées du 30 octobre au 6 novembre en Tunisie. Le jeune réalisateur algérien natif d'Adekar (Béjaïa) a reçu deux distinctions lors de la cérémonie de la remise des prix parallèles qui a eu lieu vendredi 5 novembre 2021 à l'hôtel l'Africa. Ouverts aux professionnels de la presse internationale, aux critiques du cinéma et à la société civile, les prix parallèles institués par les organisateurs des JCC ont été décernés après avoir visionné des dizaines de films et au terme des délibérations du jury. Le premier prix décroché par Omar Belkacemi est celui de la Fédération africaine des critiques du cinéma (FACC). Le jury, composé de journalistes et critiques de cinéma issus de plusieurs pays africains, a ainsi décidé de récompenser Argu, choisi parmi les 11 films africains ayant participé à la compétition officielle de longs métrages de fiction. À noter que le film primé de Omar Belkacemi dépeint l'histoire d'un homme de 20 ans, prénommé Koukou, vivant avec son frère Mahmoud, sa sœur Jura et sa maman dans un village en haute montagne de Kabylie. Se sentant dérangés par le look et le comportement "étrange" de Koukou, les sages du village décident de l'interner, avec la complicité de son père, dans un asile psychiatrique. Choqué par la nouvelle, son frère Mahmoud, enseignant de philosophie dans un lycée à Béjaïa, regagne son village natal pour tenter de convaincre son père et les notables de l'innocence de son frère Koukou. En vain ! Face à l'entêtement de ses interlocuteurs, Mahmoud finit par faire fuir son frère du village. En somme, l'histoire de ce film qui se situe entre le documentaire et la fiction a pour trame de fond le conservatisme qui règne dans le pays. "Argu, le rêve sur les belles hauteurs de la Kabylie. Une Kabylie belle par sa nature à couper le souffle, ses femmes, sa poésie et ses hauteurs lointaines et inaccessibles. Les couleurs chatoyantes des costumes emblématiques des femmes berbères et une culture millénaire sont largement présentes. Leurs chants venus de la nuit des temps habitent la mémoire d'un réalisateur qui défend en même temps la condition de ces femmes, parfois opprimées", rapporte l'agence officielle de presse tunisienne, Tunis Afrique Presse (TAP). Par ailleurs, il y a lieu de signaler que cette 32e édition des JCC, placée sous le thème "Rêvons, vivons", a vu la participation de 45 pays, dont 28 africains et 17 arabes. Pas moins de 13 films documentaires sont entrés en compétition lors de ces journées cinématographiques, où 36 courts métrages, dont 5 documentaires et 31 fictions, ont été projetés. Enfin, le grand prix de cette édition 2021, le Tanit d'Or, a été attribué au film égyptien Feathers de Omar Zohairy.