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LA BOURGEOISE
8e partie
Publié dans Liberté le 11 - 12 - 2021

Résumé : Mordjana quitte la maison paternelle.Sa sœur Maroua, son père et son frère Laid vont l'accompagner. La route est longue et le vent du Sud rend l'air chaud et torride. A la pause-déjeuner, la jeune fille refuse de manger, elle ne peut avaler qu'une pomme. Malika vient s'enquérir de leur confort et se met à taquiner sa belle-sœur sur ses préoccupations...
Maroua hoche la tête :
- Moi j'ai bien mangé, mais Mordjana n'a presque rien pris...
Malika soulève le voile de sa belle-sœur et lance :
- Tu devrais manger Mordjana, la route est encore longue...
-Je n'ai pas très faim... Heu... J'ai mangé une pomme et...
-Quoi ? C'est tout ?
-Je t'assure que je ne peux rien avaler, Malika... Au cas où j'ai faim, je demanderais à Maroua de me donner un sandwich.
Malika lui donne une tape amicale :
-Tu es préoccupée par ta nuit de noces ma chère belle-sœur... Voilà pourquoi tu ne veux pas manger !
Mordjana rougit. Sa nuit de noces ? Elle rit intérieurement... Elle n'y avait jamais pensé !
Malika lui pince le bras :
-Je suis passée par là moi aussi... Ne t'en fais pas, tout se passera bien.
Elle se retire et Maroua referme la fenêtre. Mordjana se laisse aller contre le dossier de son siège. On s'apprête à reprendre la route. La voiture qui les précède, dans laquelle se trouvent sa belle-mère et sa belle-sœur, a déjà démarré. Le chauffeur remonte dans la leur et met le contact.
Son père et son frère Laid ainsi qu'un cousin de Samir suivent dans le dernier véhicule.
Mordjana se rendort. La route poussiéreuse semblait s'étendre à l'infini. Un soleil de plomb et une chaleur suffocante rendent le voyage pénible. Maroua somnole aussi. Elle s'est laissée aller contre sa sœur et s'évente avec un mouchoir.
Les kilomètres s'allongent. On fait plusieurs arrêts successifs pour prendre des cafés et se dégourdir les jambes. Mais Mordjana ne peut descendre du véhicule... Il est indécent pour une mariée de s'exposer aux regards d'étrangers. Maroua, par contre, a pu faire quelque pas, et commander un thé.
Malika est revenue prendre de leurs nouvelles. Mordjana lui semble très pâle, prête à s'évanouir.
-Tu n'as pas l'air bien Mordjana.... Tu es incommodée ?
La jeune fille hoche la tête sous son voile :
-J'ai chaud... Et... Et j'ai envie de me rendre aux toilettes... J'ai des nausées... J'ai... J'ai envie de vomir....
Malika se tait un instant. Elle réfléchit au meilleur moyen de soulager sa belle-sœur sans se faire sermonner par sa mère ou leurs accompagnateurs. Elle regarde autour d'elle avant de lancer d'une petite voix :
-Ecoute Mordjana, nous sommes encore loin de la ville, mais si tu veux, nous pouvons t'accompagner moi et Maroua, et tu pourras te soulager derrière un bosquet... Il n'y a rien de mal ! Nous sommes des êtres humains, et non des robots.
Mordjana se mord les lèvres. Elle sait qu'elle ne doit s'exposer aux regards indiscrets des hommes... C'est indécent, indécent... Le mot revient sans cesse à ses oreilles...
-Je ne sais pas si je devrais....
-Tu devrais, Mordjana...Tu devrais te soulager...Il n'est pas bon de se retenir aussi longtemps...
Elle soupire. Son burnous est lourd et la gêne. Elle a tellement chaud qu'elle n'aurait pas hésité à se jeter dans une mare d'eau si cela lui était possible. Elle retire son voile et regarde sa belle-sœur :
-Comment faire... ?
-Heu... Tu gardes ton burnous bien sûr et ton voile. Nous allons te guider jusqu'au prochain bosquet et faire le guet...

à suivre
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