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"Il faut maintenir les gestes barrières et poursuivre les campagnes de vaccination" Dr MOHAMED MELHAG, CHERCHEUR EN VIROLOGIE ET ANCIEN BIOLOGISTE, À "LIBERTE"
Liberté : L'Algérie a enregistré un deuxième cas de contamination par le variant Omicron. Doit-on s'en inquiéter ? Dr Mohamed Melhag : Oui, actuellement, nous vivons dans un monde devenu un grand village et tout ce qui se passe à l'étranger aura sans nul doute des répercussions directes ici en Algérie. Bien qu'on n'ait que deux cas d'Omicron, mais tant que les frontières sont ouvertes et tant qu'il y a un mouvement de population qui entre et qui sort, il y a lieu de s'inquiéter parce qu'il s'agit d'une pandémie, et tout ce qui se passe ailleurs nous concerne ici en Algérie. Pour l'instant, il y a lieu de s'inquiéter du variant Delta qui est toujours parmi nous, et non pas d'Omicron qui n'est pas encore grave, car les cas enregistrés ne sont pas alarmants. Delta domine toujours et nous enregistrons actuellement près de 400 cas confirmés par la technique PCR sans compter les autres cas qui ne sont pas comptabilisés par les autorités sanitaires. Un autre indicateur qui révèle le degré de dangerosité, à savoir le nombre de patients dans les services de soins intensifs et qui va crescendo. Il a atteint ce vendredi plus de 34 cas. L'arrivée d'Omicron en Algérie coïncide avec une augmentation des cas dus au variant Delta. Peut-on s'attendre à un nouveau pic plus tôt que prévu ? Tout à fait ! C'est Delta qui est inquiétant, car il y a plusieurs facteurs réunis pour faciliter sa propagation, dont l'état de relâchement général constaté à tous les niveaux, le faible taux de vaccination qui, d'après les bilans publiés par les autorités publiques, est estimé à 27% de la population ciblée vaccinée des deux doses — ce qui est insuffisant pour contrecarrer le virus et l'existence du variant Delta qui a prouvé sa virulence durant la troisième vague et qui se propage rapidement. Tous ces facteurs plaident pour un pic, certes, mais nous ne savons pas quand nous l'atteindrons. La courbe est actuellement ascendante. La récente victoire de l'équipe nationale en Coupe arabe a donné lieu à de nombreuses manifestations de rue. Quel en sera l'impact ? Personnellement, je suis contre tout regroupement. Je l'ai dit et le redis à travers votre journal. Il est bien de gagner et de manifester sa joie, mais il est encore meilleur de préserver et de conserver sa santé car ce maudit virus est toujours parmi nous. J'ai un avis très clair en ce qui concerne les regroupements même si parfois, nous sommes à contre-courant. Je l'ai dit même durant la campagne électorale, qu'iI fallait éviter les regroupements dans des salles fermées. Il ne faut pas oublier que le virus a des caractéristiques propres à lui. Il recule, puis rebondit. Il se propage dans la foule. La campagne de vaccination est plombée par la réticence des Algériens à travers tout le pays. Se dirige-t-on vers l'obligation vaccinale, même si le président de la République a écarté cette éventualité ? D'abord, il faut lutter conte cette peur et cette crainte. Il faut convaincre, car il y a des fake news, voire des campagnes menées par des anti-vaccins qui sont orientées et organisées. C'est un courant on ne peut plus puissant et qui lutte. La résistance au vaccin n'est pas venue de nulle part. C'est un courant international qui a ses programmes, ses moyens de propagande et ses objectifs. En Algérie, il y a une grande crainte ; d'où la nécessité d'ouvrir un débat juridique qui relève de la compétence des autorités publiques, car cela touche les libertés individuelles et l'intégrité corporelle de l'individu. Cependant, nous avons le devoir de convaincre nos concitoyens en leur expliquant l'efficacité du vaccin. Il faut lutter contre la peur et vaincre la réticence parmi les professionnels du secteur de la santé. À cet effet, je lance un appel au ministère de la Santé et au Comité scientifique de suivi de la pandémie pour ouvrir un débat scientifique au niveau des structures de santé. Doit-on s'attendre à un retour au confinement ou y a-t-il d'autres mesures auxquelles les autorités pourraient recourir pour faire face à la nouvelle vague ? Pas du tout ! Nous ne sommes pas obligés de retourner au confinement. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? En effet, nous devons cohabiter avec le virus, mais tout en respectant les gestes barrières. Tout ce qui recourt au rétrécissement des libertés relève de la compétence exclusive des pouvoirs publics qui, à chaque fois, prennent l'avis du Comité scientifique de suivi de la pandémie, tout en recourant à une large consultation avec tous les secteurs. C'est l'âme des politiques de santé dans tous les pays. Pour vaincre le virus, il faut maintenir les gestes barrières et poursuivre les campagnes de vaccination.