Le bras de fer entre la junte au pouvoir à Bamako et la Cédéao se poursuit, alors que le Mali est depuis dimanche sous embargo. Bamako a rappelé ses ambassadeurs des pays de la Cédéao. La Cédéao, réunie à Accra, a infligé des sanctions au Mali pour son manque de volonté politique d'aller, comme elle l'a préconisé, vers des élections législatives en février pour passer le témoin à un pouvoir civil. Réaction immédiate de la junte au pouvoir : elle a décidé de la fermeture des frontières terrestres et de l'espace aérien avec les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et du rappel des ambassadeurs maliens dans ces pays. La junte au pouvoir a déclaré, dans la nuit de dimanche à lundi, condamner "énergiquement" les sanctions "illégales" prises à l'encontre du pays par les Etats ouest-africains, "instrumentalisés" par des "puissances extra-régionales" non nommées. Dans un communiqué lu à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement en uniforme, le colonel Abdoulaye Maïga, la junte a annoncé le rappel des ambassadeurs du Mali dans les Etats ouest-africains et la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec ces pays. La junte déplore par ailleurs le "caractère inhumain de ces mesures qui viennent affecter les populations déjà durement éprouvées par la crise sécuritaire et la crise sanitaire". Les dirigeants ouest-africains réunis à Accra ont décidé, dimanche, de fermer les frontières avec le Mali et de mettre le pays sous embargo, des mesures qualifiées de "très dures" sanctionnant le non-respect par la junte de l'échéance de février pour des élections ramenant les civils au pouvoir. Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Cédéao, siégeant à huis clos dans la capitale ghanéenne, ont décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l'espace sous-régional et de suspendre les échanges autres que des produits de première nécessité, affirme un communiqué lu à l'issue du sommet. Ils ont aussi décidé de couper les aides financières et de geler les avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCéao). Ils vont rappeler les ambassadeurs des pays membres au Mali, théâtre de deux coups d'Etat militaires depuis 2020 et en proie à une profonde crise sécuritaire. Ces sanctions prennent effet immédiatement, ont-ils précisé. Ces sanctions ouest-africaines sont plus rigoureuses que celles adoptées après le premier putsch d'août 2020. En pleine pandémie, elles avaient été durement ressenties dans un pays enclavé parmi les plus pauvres du monde. Elles passent pour avoir forcé, à l'époque, la junte à accepter de s'engager à rendre le pouvoir aux civils sous 18 mois après des élections. La junte dit aujourd'hui ne pas être capable d'organiser des élections présidentielle et législatives comme prévu, fin février, invoquant l'insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes : terroristes, communautaires, crapuleuses... Elle souligne la nécessité de réformes préalables pour que les élections ne souffrent pas de contestation, à l'instar des précédentes. La proposition de la junte malienne d'organiser la présidentielle en décembre 2026 a été rejetée parce que "totalement inacceptable", estime la Cédéao ; elle "signifie simplement qu'un gouvernement militaire de transition illégitime prendra le peuple malien en otage au cours des cinq prochaines années".