Le problème de tensions à répétition sur certains produits alimentaires de base – le lait, l'huile de table et, avant ceux-là, la semoule – est révélateur d'un dysfonctionnement structurel qui affecte le réseau de distribution et, plus globalement, d'un défaut de régulation des marchés, de l'avis même de Hadj Tahar Boulenouar et Hacène Menouar, respectivement président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca) et président de l'association El-Aman pour la protection des consommateurs, contactés par Liberté. Si la situation tend à se dénouer pour ce qui est de l'accès à l'huile de table, la tension devrait persister pour ce qui est de l'offre en lait et produits laitiers, estime Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole des commerçants et des artisans algériens. "Les informations qui nous parviennent des commerçants accréditent l'idée d'un retour à la normale dans les trois ou quatre jours à venir pour ce qui est de l'huile de table. En revanche, pour ce qui est de la disponibilité du lait, la tension devrait persister ; la situation étant plus compliquée, liée essentiellement à la disponibilité de la matière première en quantités suffisantes. Ce problème ne se pose pas pour l'huile de table et les produits issus des huiles car les stocks en matières premières suffisent pour quatre à cinq mois de production", explique le président de l'Anca. Selon lui, la rumeur invoquant une probable tension sur l'huile de table a fait monter d'un cran la demande sur le produit. Les spéculateurs en sont à l'origine, à en croire notre interlocuteur, qui explique que les fondamentaux du marché restent solides avec, au tableau, une offre supérieure à 1 700 tonnes/jour, alors que la demande évolue autour de 1 500 tonnes/jour. "Les informations qui nous sont parvenues aujourd'hui font état d'un important stock d'huile de table au sein des ménages du fait de la rumeur. Maintenant que cette rumeur s'estompe, alors que les quantités écoulées sur les réseaux de distribution sont de plus en plus importantes, nous prévoyons un retour à la normale dans les trois à quatre jours à venir", anticipe Hadj Tahar Boulenouar. Ce ne sera pas le cas pour le lait, dont la pénurie tire sa source, de l'avis du président de l'Anca, "du gel des dérogations sanitaires pour l'importation de la poudre de lait sans tenir compte de l'état du stock national". Ces tensions à répétition sur les marchés des produits alimentaires font dire au président d'El-Aman tout le défaut de régulation de ces marchés et de maîtrise de la chaîne de distribution. Clairement, "le besoin d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande et une stabilité constante des prix n'a jamais semblé aussi pressant". Il s'agit, selon Hacène Menouar, d'une tension qui affecte plutôt le réseau de distribution, provoqué par la spéculation, non sans pointer "une réaction exagérée des consommateurs aux rumeurs évoquant une éventuelle rupture de tel ou tel produit". "Ce qui nous préoccupe par-dessus tout, nous consommateurs, est plutôt la sécurité alimentaire en aliments frais et transformés. Les autorités doivent être plus regardantes sur les conditions de fabrication des produits alimentaires", souligne le président d'El-Aman. Selon lui, la tension sur l'huile et le lait se fait toujours sentir à travers plusieurs régions du pays. Il appelle à une meilleure régulation des marchés et du circuit de distribution, non sans pointer du doigt une communication insuffisante quant au besoin de rassurer les consommateurs.