Des associations de commerçants et de consommateurs évoquent plusieurs facteurs à l'origine des tensions répétées sur les produits alimentaires de large consommation. L'Algérie est confrontée depuis plusieurs mois à des tensions récurrentes sur les produits alimentaires, alors le pouvoir d'achat des citoyens ne cesse de s'éroder sur fond d'une crise politique et économique, aggravée par la crise sanitaire. Dernier exemple en date, une pénurie de l'huile de table à l'approche du mois de Ramadhan, alors que les producteurs locaux, dont Cevital, se sont montrés rassurants quant à la disponibilité de ce produit de large consommation. Des associations de commerçants et de consommateurs évoquent plusieurs facteurs à l'origine des tensions répétées sur les produits alimentaires de large consommation. «A chaque saison, il y a des problèmes de distribution ou de production. Ces problèmes touchent surtout les produits subventionnés», a souligné Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), joint hier par téléphone. Parmi ces facteurs qui perturbent les activités commerciales, il a cité la politique de subvention, dont les produits «sont le plus exposés à la contrebande et au détournement». «Il faut revoir la politique de subvention, qui est un échec pour l'économie nationale», a-t-il plaidé. Dans le cas des tensions sur l'huile de table, le président de l'ANCA a démenti l'existence d'une pénurie du produit. «La tension sur l'huile de table a débuté après l'obligation faite aux commerçants de recourir à la facture. Ces derniers ne veulent pas vendre ce produit sous prétexte qu'ils n'ont pas de marge bénéficiaire», a expliqué notre interlocuteur, mentionnant aussi un problème de spéculation et de monopole. En revanche, il a fait savoir que le réseau de stockage de l'huile de table peut satisfaire largement la demande nationale durant trois ou quatre mois. Selon lui, ce produit sera à nouveau disponible «d'ici quelques jours», après une entente entre les transformateurs, qui ont décidé de partager la marge bénéficiaire avec les distributeurs. «Il faut sortir des solutions temporaires car rien ne dit qu'on ne sera pas confronté avec l'indisponibilité d'autres produits subventionnés», a mis en garde Hadj Tahar Boulenouar. Pour sa part, le président de l'Association nationale de protection des consommateurs, El Aman, Hassan Menouar, a surtout pointé du doigt la faillite de l'Etat à réguler les activités commerciales. «La crise financière, qui découle de la crise sanitaire, a dévoilé le fait que les pouvoirs publics sont incapables de réguler le marché. Dans ces conditions, les spéculateurs profitent de la situation. La régulation en Algérie se fait dans les marchés informels où l'on spécule sur le dos des producteurs-agriculteurs et celui des consommateurs», a déploré notre interlocuteur. Pour Hassan Menouar, les phénomènes de pénurie et de hausse des prix des produits alimentaires persisteront en l'absence d'un système de régulation. «Nous avons alerté par la passé sur le fait que la régulation doit passer par la réalisation d'infrastructures de régulation, dont l'installation d'un réseau professionnel de distribution, sachant que le marché est dominé par l'informel. Tant qu'il n'y aura pas de plateformes stratégiques destinées à la régulation des produits de large consommation, nous continuerons à subir ces phénomènes de pénurie et de non-maîtrise des prix», a-t-il ajouté. A l'approche du mois de Ramadhan, propice à la surconsommation et la hausse des prix, il a fustigé l'attitude des pouvoirs publics qui «laissent faire le marché parallèle et autorisent certains commerçants à changer d'activités, avec beaucoup de dépassements sur les droits des consommateurs». Alors que le ministère du Commence rassure au sujet de la disponibilité des produits de large consommation, le président d'El Aman lui reproche de se soucier du sort des consommateurs uniquement durant le mois de Ramadhan. «Si on doit approvisionner le marché en produits alimentaires, on doit veiller à le faire toute l'année et pas seulement durant le mois de Ramadhan», a-t-il recommandé. Le gouvernement songe à exonérer les commerçants de la TVA Le ministère du Commerce avait présenté une série de propositions au gouvernement pour inciter les opérateurs économiques à adopter le système de facturation dans leurs transactions, dont l'exonération de TVA pour les produits de large consommation et l'allégement du taux des taxes douanières pour les matières premières, a fait savoir, avant-hier, un responsable du département du Commerce. Le Collectif des boulangers avait appelé auparavant à la baisse de la valeur des taxes douanières et de la TVA pour la levure de bière, a relevé le directeur de l'organisation des marchés au ministère du Commerce, Ahmed Mokrani, ajoutant que le ministère du Commerce avait soumis des propositions au ministère des Finances pour maintenir le prix du pain et la marge de bénéfice pour les boulangers. A propos du lait, plusieurs mesures ont été prises dans le cadre de l'augmentation future de la marge permettant aux distributeurs d'obtenir un gain «confortable», la marge actuelle étant très faible, estimée à 0,90 DA depuis 2001, selon lui. «Le ministère du Commerce est en phase d'examiner les mécanismes de coordination avec le secteur de l'Agriculture sur la possibilité d'augmenter la marge bénéficiaire pour le lait pasteurisé», a-t-il assuré. H. L. Advertisements