Le colonel Amar Ben Hamla a en outre évoqué le processus de professionnalisation de l'armée qui requiert une réforme de la défense avec la prééminence du politique sur le militaire. Liberté : L'Algérie a-t-elle fixé ses priorités en matière de professionnalisation de son armée dans le cadre du dialogue politique initié par l'Otan ? Colonel Amar Ben Hamla : Il faut savoir qu'il y a deux volets dans ce dialogue : le volet politique et le volet militaire. Pour ce qui est du volet politique, nous l'avons déjà fixé puisque nous nous sommes engagés dans un cadre bilatéral et multilatéral avec l'alliance. Ils ont trouvé au niveau de l'Otan que l'Algérie avait un excellent niveau de partenariat malgré le fait que nous nous sommes engagés dans le dialogue légèrement en retard par rapport à nos voisins. Autrement dit, par le nombre d'activités, par le niveau de participation et d'échange, il semble, d'après l'Otan, que nous sommes crédibles. Sur le plan militaire, nous sommes pour le moment en train d'observer, d'étudier, et d'apprendre. Sans prétention aucune, nous faisons une mise à niveau d'interopérabilité. Et les opérations militaires que mène l'Algérie avec l'Otan ? Il sera question des opérations que décideront les politiques. Aujourd'hui, nous sommes en mise en disponibilité opérationnelle, c'est-à-dire que nous nous connaissons et qu'il y a un échange de mesures de confiance, individuelles et collectives. En somme, nous sommes en pleine adhésion à ce processus initié par l'alliance. Peut-être même que nous ayons terminé cette première phase de six ans d'adhésion qui a commencé en 2000. Et dans ce cadre, le volet militaire est la partie la plus consistante de cette coopération. Peut-être qu'il y a encore des hésitations dans certains domaines comme le civil, mais ça va venir… Que voulez-vous dire par hésitation ? Il me semble que l'Otan est encore réticente sur le plan scientifique et de la recherche dans le cadre sociologique de la défense. C'est leur affaire. Mais nous faisons ce constat. Toutefois sur le plan militaire, nous, nous y allons. Nous avons des escales, nous avons eu même l'occasion de faire des propositions : c'est sur l'initiative algérienne qu'a été créé le système de la formation mobile. Nous avons eu ici quatre formations mobiles. La transparence de l'Armée nationale algérienne a permis d'ouvrir l'école du renseignement et de la sécurité avec l'Otan. Et nous avons organisé une formation des formateurs pour le soutien à la paix. C'est un créneau très important. Le président de la République plaide pour le Conseil de la sécurité et de la paix. Demain, à mon avis personnel, s'il y a une intervention, elle se fera au profit de l'Afrique. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas la capacité d'aller au Kosovo. Nous pouvons le faire et on aurait pu le faire si l'Otan nous avait fait appel. Mais le fait que nous soyons leader dans le soutien de la paix et comme le dit le président de la République avec ses pairs africains si un jour ils décident, nous serons prêts à aller au Darfour et au Congo. On parle de coopérations militaires ciblées… Tout ce qui est conduit par l'alliance, nous en faisons un objectif dans le cadre de l'interopérabilité. Demain, s'il y a une intégration dans ce cadre, nous le ferons dans le cadre du soutien à la paix. D'autant plus que l'Algérie, à travers le discours du président de la République, ministre de la Défense nationale, prêche pour les conseils de la paix et de la sécurité au sein de l'Afrique. Donc, comme je vous le disais plus haut, s'il y a une intervention, elle sera prioritairement au profit de l'Afrique pour le maintien de la paix. Ce qui est logique sinon on serait en contradiction. Les autres engagements se feront sous la conduite et l'autorité du politique. Que nécessite cette professionnalisation de l'armée ? Elle nécessite un budget de la défense nationale qui sera adopté par l'Assemblée populaire nationale (APN) ; elle requiert également une réforme de la défense avec la prééminence du politique sur le militaire. Il faut savoir qu'il ne s'agit pas de carrière ou de carriérisme militaire. Il s'agit d'un concept de stratégie nationale de défense. Pourquoi une prééminence du politique par rapport au militaire ? Mais c'est normal ! Il y a la prédominance du politique parce que c'est lui qui décide de l'avenir de la nation. Et le rôle du gouvernement ? Le gouvernement est un instrument de stratégie d'exécution de la politique nationale. Et la présence des deux ministres, celui des Affaires étrangères et celui délégué auprès du ministère de la Défense nationale, est une expression qui conforte l'action politique dirigée par le président de la République. Peut-on évoquer la possible adhésion de l'Algérie à l'Otan ? Ce n'est pas à nous de la demander mais bien à eux ! Nous, nous sommes un instrument et un passage indéniable sur le plan de la stabilité dans la région de la Méditerranée puisque nous avons un littoral de 1 200 km ; nous avons vécu une importante lutte contre le terrorisme, et notre force est là et reconnue puisque nous avons été crédibles. Qu'attend l'Algérie de l'Otan ? ça a été défini par l'initiative d'Istanbul. C'est une initiative politique à laquelle nous avons adhéré, donc il s'agit d'une affaire du politique. Le militaire qui, du reste n'était pas présent, quant à lui n'est là que pour conforter l'action de l'engagement politique. Nous ne faisons qu'exécuter ce qui a été décidé par le politique et nous le faisons très bien. Qu'en est-il de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme ? Elle avance bien et se met en place. Nadia MELLAL