Après avoir consacré trois ouvrages à l'histoire des déportations d'Algériens durant la guerre de la colonisation française, l'auteur Hadj Ali Mustapha propose cette fois-ci un troisième ouvrage sur les prisons et camps de concentration de la Guerre d'Algérie aussi bien dans le pays que dans les geôles de la métropole. "C'est un prolongement de mon travail consacré aux déportations. Dans ce nouvel ouvrage, j'ai abordé un sujet crucial à savoir les tortures, la guillotine et les supplices subis par des milliers d'Algériens dans les prisons", confie l'auteur au lendemain de la parution de son troisième ouvrage avant de rappeler les titres de sa trilogie : Les bagnards algériens de Cayenne paru en 2018, Les Algériens en Nouvelle-Calédonie, l'insurrection de 1871 paru en 2019 et Des révoltes populaires aux déportations paru en 2020". Ce nouvel ouvrage intitulé Prisons et camps de concentration de la guerre d'Algérie : 1955- 1962, paru en novembre dernier aux éditions Imal est un résumé succinct de la souffrance des Algériens en général dans les camps de regroupement, dans les camps d'internement et des prisonniers et prisonnières dans les maisons d'arrêt en particulier. Cet essai de 200 pages avec des illustrations ô combien révélatrices d'une barbarie cruelle est une chance offerte aussi bien pour les lecteurs que pour les étudiants et les passionnés d'histoire de "vivre" cette sauvagerie infligée au peuple algérien juste au déclenchement de la guerre de libération avec la création de ces centres en vue de couper la population des premiers noyaux de l'Armée de libération nationale. "À travers cet ouvrage, je retrace la création de camps de concentration pour confiner des populations entières suspectées d'aider les rebelles dans des camps d'internement et d'autres camps de concentration pour les combattants à la manière des camps nazis. Aussi, j'y présente les conditions misérables dans lesquelles vivaient «regroupés», «internés» les détenus dans les prisons algériennes et métropolitaines durant la période 1955- 1962", explique-t-il. À ce titre, Mustapha Hadj Ali cite Jacques Pâris La Bollardière (1907-1986), un officier général de l'armée française, ancien combattant de la seconde guerre mondiale qui revient sur cette période : "Je commencerai d'abord par cette armée qui a été toute ma vie. Quand on l'a autorisée à faire en Algérie ce qu'on lui avait interdit de faire en Indochine, elle s'est défoulée dans le déchaînement. Avec quels moyens ? Les bombardements et la torture. C'est là qu'il faut bien voir la signification de la torture. Ce n'est pas seulement infliger des brutalités insupportables, c'est surtout essentiellement humilier. C'est estimer que l'on n'a pas en face un homme mais un sauvage, un être indigne de faire partie de la communauté présente ou à venir, quelqu'un qu'il faut à jamais exclure parce qu'on ne pourra jamais rien construire avec lui." Pour l'auteur, ces propos démontrent bel et bien la stratégie adoptée par l'armée française pour exterminer tout un peuple. Il a subdivisé cet essai historique en sept chapitres bien détaillés à commencer par les camps dits de regroupement, suivi de camps d'internement, prisons d'Algérie, le conflit algérien en France, les camps d'internement en Métropole, Prisons en France, les objecteurs de conscience, le comité international de la Croix-Rouge et enfin les Libérations / Amnisties. Pour étoffer le contenu de cet ouvrage, l'auteur s'est basé sur des recherches personnelles renforcées de témoignages de personnes toujours en vie qui étaient soumises aux tortures dans les prisons algériennes et dans les camps, des archives d'Aix en Provence, des Archives de l'Assemblée nationale, des archives du CICR, des archives départementales du Pas-de-Calais, du centre de Dainville, de sites internet et bien sûr d'articles de presse, d'essais et de thèses sur cette période. En tout cas, ce passionné d'histoire ne compte pas s'arrêter à ce stade car il a d'autres travaux en relation avec les périodes qu'il a traitées dans ses écrits .Il s'agit de l'histoire d'un déporté algérien évadé d'une prison de Cayenne en 1922 dont la tranche de vie mérite d'être racontée à la manière du célèbre roman Papillon, d'autant plus que ce Kabyle a laissé une famille au Venezuela et une famille en Algérie après son retour au pays juste après l'indépendance. "Je n'attends que des rencontres prévues avec ses enfants pour entamer ce roman", conclut-il. O. Ghilès Prisons et camps de concentration de la guerre d'Algérie : 1955-1962, Hadj Ali Mustapha, 200 pages, éditions Imal, Prix 800 DA.