Le gouvernement décidera-t-il de la reprise des cours ce dimanche comme prévu, alors que la situation sanitaire s'est dégradée ? Pour les syndicats du secteur, le retour en classe serait difficile à gérer, pendant que le directeur de l'Institut Pasteur, Fawzi Derrar plaide pour la prolongation des vacances exceptionnelles. Les établissements scolaires des trois paliers de l'éducation nationale devraient rouvrir leurs portes dimanche 30 janvier, comme annoncé lors de la suspension des cours pour dix jours, décidée le 19 janvier dernier par le président de la République. La mesure avait été recommandée par le comité scientifique national de veille, au vu de la dégradation de la situation sanitaire dans le pays, avec des contaminations de plus en plus nombreuses. La suspension de l'enseignement devait permettre, d'un côté, de ralentir la propagation du coronavirus et, d'un autre, d'accélérer la vaccination des personnels de l'éducation nationale, encore très faible. Mais, pendant ces vacances de dix jours, la pandémie s'est aggravée au point de susciter l'inquiétude des autorités sanitaires. D'où les spéculations qui vont bon train sur une possible prolongation des vacances scolaires afin d'éviter que les écoles se transforment en immenses clusters. Visiblement cette probabilité n'agrée pas tous les acteurs du secteur, à commencer par le ministère de l'Education nationale. Ce dernier s'est en effet exprimé par le biais de l'Inspecteur général, Boualem Bellaouar, qui a expliqué que la reprise aura bel et bien lieu. Le responsable, qui intervenait avant-hier sur les ondes de la radio nationale, voulait couper court aux rumeurs de prolongation de l'arrêt des cours. M. Bellaouar, qui a assuré qu'"une suspension d'une semaine ne devrait pas impacter le déroulement de l'année scolaire", a également rappelé l'existence d'une plateforme numérique permettant aux élèves d'accéder à tous les cours. Ces déclarations interviennent au moment où le directeur de l'Institut Pasteur indiquait, sur Echaâb online, que le contexte ayant provoqué la suspension des cours reste d'actualité et pourrait même perdurer. "La décision de la reprise des cours est politique et elle est basée sur des données scientifiques", a expliqué Mohamed Derrar, en indiquant qu'elle revient au chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. S'ils ne sont pas franchement contre la reprise des cours la semaine prochaine, les syndicats autonomes de l'éducation (que nous avons pu joindre) et l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE) appellent le ministère de l'Education nationale à mettre en place les conditions nécessaires à la protection des élèves et leurs enseignants contre la pandémie : "Nous ne disposons pas de données suffisantes pour juger de la pertinence d'une reprise. C'est le comité scientifique de suivi de la pandémie qui est le mieux placé pour dire si les écoles doivent rouvrir ou pas. Mais les autorités doivent mettre en place les moyens qu'il faut, à la fois pour la stérilisation des écoles et pour le suivi du protocole sanitaire", ont exhorté des responsables de la Satef, du Cnapeste et de l'Anpe. Messaoud Boudiba, le porte-parole du Cnapeste, craint un retour en classe "dans les mêmes conditions" qui ont présidé à l'arrêt des cours : "Nous pensions que les autorités procéderaient à des campagnes de stérilisation des établissements scolaires et la mobilisation des moyens matériels pour assurer le respect du protocole sanitaire, mais il n'en est rien." En outre, le syndicaliste aurait aimé voir le dépistage se généraliser avant le lancement des campagnes de vaccination : "Il aurait fallu faciliter l'accès aux tests pour pouvoir déterminer les personnes atteintes et, ensuite, appeler à la vaccination de ceux qui peuvent l'être." Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation, qui ne rejette pas l'idée de la réouverture des écoles "si les conditions de protection de la santé le permettent", rappelle que le Satef a toujours milité pour l'examen "des situations au cas par cas", selon la situation sanitaire de chaque établissement scolaire. "Toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne. Il faut étudier la fermeture des établissements individuellement", préconise-t-il en s'inquiétant des conséquences de la suspension des cours sur le parcours scolaire des élèves : "J'ai peur que, cette année encore, nous ne puissions pas échapper au seuil des programmes (el aataba) et à la baisse des moyennes d'accès aux examens." De son côté, l'Association nationale des parents d'élèves s'en remet au comité scientifique de suivi de la pandémie et appelle au strict respect des dispositions du protocole sanitaire dans les écoles. "Il ne s'agit pas seulement de la mise à disposition des produits d'hygiène, des masques de protection ou du gel hydro-alcoolique, mais aussi de la mobilisation des psychologues scolaires et des unités de dépistage sanitaire (UDS) pour l'accompagnement des élèves", insiste Fatiha Bacha, membre du bureau national de l'ANPE, qui appelle, encore une fois, la famille de l'éducation à se faire vacciner en masse.