Avec 11 millions d'élèves, les établissements scolaires étaient devenus, ces dernières semaines, un véritable foyer pandémique. L'arrivée d'Omicron n'a fait qu'accélérer le rythme des contaminations parmi les élèves et les personnels de ce secteur, qui emploie près de 900 000 personnes. Face à la flambée de la pandémie et la circulation rapide du variant Omicron, le gouvernement a préféré jouer la prudence en prolongeant d'une semaine la suspension des cours dans les trois paliers de l'éducation nationale (primaire, moyen et secondaire). La reprise des classes, initialement prévue pour demain 30 janvier, va finalement avoir lieu le 5 février 2022, en raison d'une situation pandémique toujours difficile. La décision, annoncée jeudi par les services du Premier ministère, a été prise "après consultations avec le comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus (Covid-19) et l'autorité sanitaire (...) au regard de la situation épidémiologique qui se caractérise encore par une rapide circulation du virus". Le communiqué du Premier ministère précise que cette mesure s'inscrit dans le souci de "préserver la santé des citoyens et à les prémunir contre tout risque de propagation du Coronavirus". Les statistiques sur l'évolution de la pandémie, livrées jeudi, ne laissent d'ailleurs aucun doute sur la vitesse de progression des contaminations, qui ont atteint 2 130 nouveaux cas en 24 heures contre 2 262 la veille. Ce qui donne tout leur poids aux inquiétudes de syndicats autonomes de l'éducation et de l'Association nationale des parents d'élèves quant à une éventuelle reprise dans le même contexte qui avait provoqué la fermeture des écoles, le 19 janvier. Les organisations syndicales, qui s'en étaient remises au comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie, mieux informé pour décider de la reprise ou non des cours, avaient insisté, en cas de réouverture des écoles, sur la nécessité de mobiliser les moyens matériels et ressources humaines pour permettre aux élèves, enseignants et employés d'évoluer dans un environnement sain et de pouvoir observer le protocole sanitaire. Or – le constat avait été dressé depuis longtemps – l 'écrasante majorité des établissements scolaires des trois paliers ne présentent pas les conditions d'hygiène appropriées. "Au problème de manque d'eau il faut ajouter l'absence de produits de nettoyage, de masques de protection, de gel désinfectant, etc. Il est impossible, dans ce cas, d'observer le moindre protocole sanitaire", n'ont pas cessé de dénoncer enseignants et parents d'élèves. Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, qui avait espéré que le ministère de l'Education nationale mettrait à profit la suspension des cours pour remédier à cette situation, a déchanté : "Nous pensions que les autorités procéderaient à des campagnes de stérilisation des établissements scolaires et la mobilisation des moyens pour assurer le respect du protocole sanitaire, mais il n'en est rien..." Outre volet hygiène, l'on s'inquiète également des conséquences de la suspension des cours sur le parcours scolaire des élèves. L'affirmation rassurante de l'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, Boualem Bellaouar, sur l'absence de répercussions sur le déroulement de l'année scolaire, n'est pas partagée par tout le monde. Notamment Boualem Amoura, président du Satef qui, évoquant un retard, prévoit le recours au seuil des programmes (el aâtaba) et la baisse des moyennes d'accès aux examens : "C'est inévitable. Nous nous dirigeons vers un baccalauréat à 9/20 et des passages avec des moyennes de 4/10 dans le primaire, comme l'année dernière." "Et nous en avons vu les conséquences", déplore-il encore, en parlant de notes "catastrophiques" au 1er trimestre de l'année scolaire 2021/2022.