À deux jours de la grande rentrée scolaire, les inquiétudes des uns et des autres s'intensifient. L'adhésion du corps des enseignants à la campagne de vaccination anti-Covid-19 avant la rentrée scolaire 2021-2022, n'a pas été au rendez-vous. Tout comme la préparation des établissements scolaires pour accueillir les élèves qui laisse à désirer. La crise de l'eau que connaît l'Algérie ces derniers mois, risque d'ailleurs de compliquer la situation de ces écoles. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Plus de dix millions d'élèves reprendront le chemin de l'école ce mardi 21 septembre. La vaccination contre la Covid-19 de tout le personnel de l'éducation nationale lancée le 22 août dernier à travers les unités de dépistage et de suivi (UDS) des établissements scolaires, des centres de la médecine du travail, et des 16 centres médicaux des œuvres sociales des travailleurs du secteur, n'a pas apparemment atteint l'objectif escompté. L'opération n'a pas suscité un grand engouement chez le corps concerné. Nombre de ses fonctionnaires sont dans la réserve et d'autres refusent carrément l'idée de se faire vacciner. Selon les dernières estimations du département de Abdelhakim Belabed, seulement 10% du corps des enseignants ont reçu à ce jour leurs doses. Un taux qui reste pour le ministre de l'Education nationale, loin des chiffres réels des enseignants vaccinés. Il fait remarquer que beaucoup d'entre eux ont reçu leur injection anti-Covid-19 dans les établissements de santé publique, et non pas dans les unités de vaccination mobilisées par la tutelle. Un constat que confirme d'ailleurs, le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane. «Nombre d'enseignants ont eu leur dose contre le Covid-19 bien avant la campagne lancée au profit du personnel du secteur. D'autres ont été vaccinés depuis le lancement de cette campagne, mais dans les centres de santé publique», fait-il savoir. Malgré l'optimisme du ministre de l'Education nationale qui reste confiant quant à l'adhésion du personnel de l'éducation nationale à l'acte vaccinal avant la rentrée scolaire, les inquiétudes sur la propagation des contaminations au virus Sars-CoV-2 demeurent toujours omniprésentes. Le président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, évoque justement les enfants qui constituent depuis quelque temps, un facteur non négligeable de transmission de ce virus. «Les enfants sont aujourd'hui contaminants et contaminés. Ils sont non seulement vecteurs et transmettent cette maladie, mais eux aussi sont affectés par cette maladie», dit-il. Pour lui, même les élèves doivent être vaccinés à leur tour. Le syndicaliste s'interroge également sur l'état des lieux des établissements scolaires à quelques jours de la rentrée des classes. Selon lui, la quasi-totalité de ces écoles n'ont été ni nettoyées, ni désinfectées depuis la fin des cours de l'année scolaire précédente. «Depuis juin dernier, il n'y a eu aucune préparation sur le terrain. Les établissements scolaires sont aujourd'hui, dans un état déplorable sur le plan hygiène», assure-t-il. Il cite l'exemple de quelques initiatives des bienfaiteurs qui ont fourni des citernes d'eau à certaines écoles afin de nettoyer les bureaux de l'administration. Précisant que les écoles primaires relèvent de la gestion des collectivités locales, il ajoute : «Ces établissements scolaires sont le dernier souci des maires.» Cette situation se trouve davantage détériorée en raison de la crise d'eau très aiguë que connaît l'Algérie ces derniers mois. «Comment assurer le bon fonctionnement des cantines sans eau ? Comment nettoyer les sanitaires sans eau ? L'application du protocole sanitaire dans les établissements scolaires sera impossible, puisque les élèves nauront même pas de quoi se laver les mains», explique-t-il. Boualem Amoura s'interroge sur la promesse du gouvernement pour allouer un budget spécial pour faire face à la pandémie de coronavirus. «Depuis l'année dernière, on parle d'attribuer une enveloppe financière spéciale pour les établissements scolaires afin de pouvoir affronter cette pandémie et appliquer le protocole sanitaire. Aujourd'hui, ces établissements se retrouvent dépourvus des plus simples produits d'entretien et d'hygiène», déplore-t-il. D'ailleurs, il constate amèrement que le budget de fonctionnement des collèges et lycées ait été réduit de 65% depuis janvier 2017. Selon lui, il est passé de un million de dinars à 260 000 dinars. Il appelle ainsi le ministère de l'Education nationale à mettre les moyens nécessaires pour le bon fonctionnement des établissements scolaires. «Il ne faut pas se contenter de donner des orientations et des recommandations parce qu'il est question de la santé de dix millions d'Algériens», conclut-il. Ry. N.