Aussi paradoxal que cela puisse paraître, une ville de la trempe d'El Kala, un lieu de passage obligé vers la Tunisie, ville balnéaire par excellence et fascinante sur de nombreux points de vue, se vide de sa substance humaine dès 18 heures. Après cette heure, pas âme qui vive hormis quelques badauds ou maraudeurs. Un climat funèbre caractérise la ville. Les commerçants ne se gênent guère pour baisser les rideaux dès qu'il fait nuit, souvent sous le nez des clients retardataires. De loin, on entend le bruit assourdissant des rideaux métalliques. Alors que dans un passé récent, cette ville balnéaire aux multiples facettes veillait jusqu'à une heure tardive de la nuit, habitants et négoces ont jeté aux oubliettes ces belles habitudes. Sur l'ensemble des ruelles, les quelques cafés encore ouverts commencent déjà le dernier nettoyage. Loin du côté de la place publique, à proximité de l'ancienne église, les retardataires pressent le pas pour rentrer chez eux. Les bus, la plupart de véritables tacots, qui assurent la desserte sur plusieurs rotations, entre la Grande plage, côté est de la ville, et la cité FLN, côté ouest, s'adonnent à partir de 18 heures à des courses-poursuites. Les derniers d'entre eux roulent à vive allure avec ou sans passagers vers leur destination finale. Un constat amer d'une ville dont les habitants seraient des couche-tôt. Le matin, vers six heures, hiver comme été, il est très difficile de dénicher un café ouvert. Depuis le départ des vacanciers, El Kala, si accueillante à plus d'un titre, ronronne et ses habitants préfèrent le “zapper” sur les chaînes étrangères que de déambuler dans ses rues pourtant spacieuses et loin de toute forme de pollution. À El Kala les temps ont changé et les habitudes avec… Tahar Boudjemâa