Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le marché couvert de la petite ville balnéaire d'El Kala est déserté par ses propres locataires. Cet état de fait est dû à l'anarchie et à l'incurie qui caractérisent la ville, depuis bien longtemps. Les marchands sont livrés à eux-mêmes. Il suffit d'une averse pour que l'intérieur se transforme en un véritable bourbier en raison des tonnes de boue charriée par les eaux de ruissellement. Désertant le marché couvert, les commerçants se sont rabattus sur les trottoirs de la rue donnant sur ce même marché à découvert, “pardon couvert”. “Le commerce sur la voie publique, manifestement toléré par les responsables locaux, est beaucoup plus avantageux”, nous dit un marchand. Là, au moins, on ne se soucie pas des charges imposées. Alors que ceux qui sont à l'intérieur, en plus des impôts, sont contraints de louer quelques mètres pour des millions de centimes le mois. En tout état de cause, les propriétaires de chariots qui n'ont pas hésité à se concentrer dans ces lieux en marchands informels de fruits et légumes leur imposent une concurrence pour le moins déloyale. Ne supportant plus cette soumission, les marchands de poissons ont préféré, eux aussi, élu domicile dans cette rue qui même de loin dégage une odeur nauséabonde. Les voies publiques donnant sur la rue du 24-Avril et le centre-ville, des plus usitées de la ville, sont, momentanément, paralysées, durant la matinée et parfois même le soir, et ce, dès les premiers arrivages des fruits et légumes et des différentes variétés de poisson. Après la levée du marché public, les commerçants quittent les lieux, horriblement insalubres. Bref, un coup dur pour l'environnement et le cadre de vie des citoyens et des riverains en particulier. En l'absence de décisions courageuses et de prise de position ferme vis-à-vis de cette situation, la ville est entrée de plain-pied dans un désordre indescriptible. Tahar Boudjemâa