Continuer à miser sur la seule renommée d'une plage ou d'une crique pour vendre une destination, c'est l'erreur à ne pas commettre. Pourtant, El Kala est l'une des villes balnéaires qui est tombée dans ce piège. Bien grise mine que celle qui caractérise les commerces de la restauration et de l'hôtellerie à El Kala ! Jamais le nombre de touristes, estivants et vacanciers n'a été aussi faible que celui de cette année. Très animées les précédentes années, le cours de la révolution, la plage de l'église et le long de la corniche qui va de la plage d'El Mordjane (ex-l'Usine) jusqu'au port de plaisance avec ses très nombreuses embarcations de pêche, n'attirent plus la grande foule. Comme un mal ne vient jamais seul, aussi paradoxal que cela puisse paraître, à El Kala le poisson coûte plus cher que dans certaines localités de l'intérieur du pays et faudrait-il le trouver... Les commerçants comme les élus de la commune ont une part de responsabilité dans cette situation. Les uns, de par leur comportement ultra mercantile, ce qui a fait fuir la clientèle à la recherche d'une autre agglomération moins chère. Les autres ont tout fait pour faire fuir leurs vacanciers par manque d'initiatives. Pis, la ville croule sous les immondices et aucune action n'est entreprise pour laver cette honte. Pourtant, tout le monde vous dira qu'El Kala était la ville la plus propre, la plus hospitalière et la moins chère en période estivale. Aujourd'hui, il y a renversement de la situation . Les plats dans les restaurants que nous avions visités sont inaccessibles, même à ceux qui ont bourse fournie. Le moins cher coûte les 500 DA. Il semble que tout le monde s'est donné le mot. Pour les commerçants, en particulier, les vacanciers ne sont rien d'autres que des pigeons à plumer auxquels ils peuvent impunément faire avaler de la viande, des œufs ou boire des boissons gazeuses ou minérales périmées, le tout servi par des employés aux vêtements sales, insolents et parfois méchants. Censés donner plus d'animation en période estivale, les élus locaux se sont contentés de quelques manifestations en ouverture d'une médiocrité affligeante pour ronronner tout le reste de la saison. El Kala, cette ville balnéaire au portes de la Tunisie qui devait être une vitrine pour les étrangers qui transitent, croule sous le poids de la saleté. “C'est la ville la plus chère et la plus sale, en plus.” pourtant, dans un passé récent, avec un budget dérisoire, la commission communale de la culture et des sports d'antan avait réalisé des saisons-miracle. Il y avait au programme proposé aux vacanciers et touristes des manifestations culturelles et sportives alléchantes, l'organisation de la fête du corail qui attirait à l'époque de nombreux étrangers et nationaux, sans compter les rencontres-débats qui animaient les soirées kaloises, la semaine de livres des hommes de culture qui venaient aussi de très loin pour se distinguer et où des prix d'encouragement étaient décernés. Des randonnées pédestres, des visites guidées aux différents sites historiques et El Kala en compte plusieurs. El Kala a perdu toutes ses bonnes habitudes. Saleté, agression et marasme se conjuguent au pluriel et personne ne pourra prouver le contraire. Il faut dire que les moyens d'intervention au niveau d'une commune d'une telle envergure manquent cruellement. Mais, ce n'est toujours pas un argument valable pour plonger une telle ville dans une telle situation. Cet été, commerçants et élus donnent l'impression de vouloir faire comprendre aux touristes, estivants et vacanciers que la ville d'El Kala n'est plus faite pour eux. Les travaux de réfection des trottoirs initiés par les planificateurs sont restés avec leurs nids-de-poule, crevasses, trous béants et poussières jusqu'au début du mois de juillet. C'étaient là des arguments valables à contraindre les vacanciers et estivants à ne plus y revenir. Pour compléter le tout et exprimer à ses hôtes de l'intérieur du pays qu'ils ne sont pas les bienvenus, les propriétaires de maisons ont triplé la mise de location comparativement à l'année passée. Ce n'est qu'en début du mois d'août que la raison les a convaincus à rabattre les prix. Les prix varient entre 12 000 DA et 35 000 DA pour une maison meublée, selon la situation géographique. Malgré cela, l'ensemble des Algériens que nous avions rencontrés à El Kala ont préféré la Tunisie où le client est servi comme un roi et où les soirées sont bien animées. El Kala, dans la wilaya d'El Tarf, et Tabarka dans le gouvernerat de Jendouba en Tunisie sont deux villes côtières mais avec deux mondes parallèles. À El Kala, la culture touristique, l'accueil chaleureux, l'hospitalité propre aux habitants du nord sont renvoyés aux calendes grecques… Une prise de conscience n'est en tout cas pas pour demain. Tahar BoudjemaÂ