Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, veut garantir une sécurité alimentaire réelle et pérenne à l'Algérie. Il fonde ses espoirs sur la production nationale pour atteindre cet objectif. Or, pour que cette production locale se développe et réponde aux besoins nationaux dans différents produits agricoles, un certain nombre de conditions doivent être impérativement réunies. Le chef de l'Etat a instruit le gouvernement de multiplier la production céréalière en réorientant les efforts vers le Sud. "La filière céréalière a besoin d'un véritable plan Marshall", affirme le professeur Ali Daoudi, enseignant-chercheur à l'Ecole nationale supérieure agronomique. Tenir compte de la nature des terres agricoles en Algérie en œuvrant à l'exploitation du surplus de production locale en blé dur et à la réduction des quantités importées de blé tendre, réviser la cartographie de la céréaliculture, notamment en matière de blé dur, selon les spécifications techniques, géographiques et économiques de chaque région, relever les niveaux de production céréalière... est "un travail de longue haleine", estime cet agroéconomiste. Toutefois, nuance le Pr Daoudi, toutes ces orientations doivent créer une vraie dynamique par le biais de laquelle seront mis en place les mécanismes d'une réflexion approfondie, qui dégagera les itinéraires techniques suivant les spécificités de chaque région. Néanmoins, il est impératif de lever certaines contraintes liées entre autres, au financement, à la disponibilité des équipements agricoles, des intrants (engrais, semences...), des services agricoles, d'un encadrement efficace, d'une recherche spécifique et efficiente... "Autant d'efforts à consentir sur les 5 à 10 années à venir pour espérer obtenir de résultats satisfaisants à moyen et long termes", relève cet expert. "Car de telles perspectives ne peuvent être atteintes en un seul mois", précise-t-il. La "révolution" en matière de production de céréales et de semences, proposée par le président Tebboune, ne peut se faire sans toutes ces exigences. Abdelmadjid Tebboune invite l'Exécutif et en l'occurrence le ministère de tutelle à repenser les ressources humaines et à changer les mentalités dans le secteur pour réaliser la sécurité alimentaire. Il ordonne également l'exploitation optimale des superficies agricoles en vue d'augmenter les rendements. "Un tel objectif nécessite au préalable un accompagnement des agriculteurs pour lever leurs contraintes ayant trait à la faible pluviométrie, au difficile accès aux crédits bancaires, aux intrants, au machinisme agricole...", explique le Pr Daoudi. L'autre orientation donnée par le Président vise l'encouragement des professionnels à utiliser les méthodes modernes et à recourir aux technologies de pointe utilisées dans les pays développés, tout en encourageant les initiatives et en récompensant la réussite dans le secteur agricole. Encore faut-il que le gouvernement se penche, au préalable, sur la problématique du foncier agricole qui, malheureusement, fait face à une dilapidation à travers l'avancée du béton et celle du désert. A cela se greffe l'absence d'organisation des agriculteurs autour des différentes productions. Et les conséquences négatives ont été aussitôt ressenties, notamment les crises qui ont secoué la plupart des filières agricoles : céréales, lait, huile, volailles... outre la flambée des prix des produits sur les marchés, l'anarchie qui caractérise le secteur de la distribution, où il n'existe pas de circuits réguliers.