Le gouvernement espagnol a annoncé, jeudi dernier, qu'il allait soutenir le Maroc dans son approvisionnement en énergie, en lui permettant d'acheminer du gaz à travers le Gazoduc Maghreb Europe (GME), un tube mis en jachère par l'Algérie depuis le 31 octobre 2021. "Le Maroc a demandé un soutien pour garantir sa sécurité énergétique sur la base de nos relations commerciales et l'Espagne y a répondu favorablement, comme elle l'aurait fait pour tout partenaire ou voisin", a indiqué le ministère espagnol de la Transition écologique dans un communiqué, cité par le journal Le Monde. "Le Maroc pourra acquérir du gaz naturel liquéfié (GNL) sur les marchés internationaux, le faire livrer dans une usine de regazéification de l'Espagne péninsulaire et utiliser le gazoduc GME pour l'acheminer vers son territoire", a ajouté le ministère. Ce dernier n'a cependant pas donné de précisions sur le calendrier ou les volumes de gaz concernés. Le royaume chérifien s'apprête ainsi à inverser le flux du pipeline GME, en utilisant le tronçon traversant son territoire. Il peut le faire, cette partie du GME n'étant pas la propriété de Sonatrach. D'une longueur de 540 km et d'un diamètre de 48 pouces, elle est la propriété de la société Maghreb Pipeline Limited (EMPL) détenue par Naturgy (Espagne) à hauteur de 77,2% et Galp Energia (Portugal) pour 22,8%. Sa réalisation et son exploitation ont été confiées à la société Metragaz, détenue par Naturgy à 76,68%, Galp Energia à 22,64% et l'Office national des hydrocarbures et des mines marocain (Onhym) à 0,68%. Ainsi, Sonatrach n'est impliquée ni dans la propriété ni dans l'exploitation du tronçon du GME transitant par le Maroc. Les contrats de gaz entre Sonatrach et ses clients pour la vente de gaz naturel à l'Espagne, le Portugal et le Maroc exigeaient de la compagnie nationale d'acheminer le gaz jusqu'à El-Aricha (wilaya de Naâma). Au-delà de ce point frontalier, Sonatrach n'était pas concernée par la gestion du deuxième tronçon du GME. De ce fait, elle ne payait aucun droit de passage de son gaz via le GME ni en espèces ni en nature, du moment qu'il s'agissait d'une infrastructure dont la concession ne la concernait pas. Ce sont les parties espagnole (Naturgy) et portugaise (Galp Energia) qui payaient ces droits au Maroc, étant la partie bénéficiaire de la concession à travers la société EMPL. Quant au tronçon du GME reliant Hassi R'mel à El-Aricha, il est la propriété de Sonatrach. Il est exploité par ses propres moyens, sur une longueur de 521 km et un diamètre de 48 pouces. Le royaume a, par ailleurs, signé, fin novembre 2021, un accord avec Sound Energy, une entreprise britannique, pour que celle-ci lui fournisse du gaz provenant d'un gisement qu'elle exploite à Tendrara, dans l'est du Maroc. Aux termes de ce contrat, Sound Energy s'engage à produire et à livrer à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (Onee) jusqu'à 350 millions de mètres cubes de GNL par an pendant dix ans. Ce gaz transitera également par la partie marocaine du GME. Sonatrach a fermé définitivement le GME en octobre 2021, première conséquence de la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat. Et elle s'est engagée à assurer l'ensemble des approvisionnements en gaz naturel de l'Espagne via le Medgaz, un gazoduc qui passe par la Méditerranée.