La localité de Naciria, à l'est de Boumerdès, a été paralysée, hier, par un mouvement de grève générale qui a plombé toutes les activités dans la ville et ses environs. Cette action, qui devrait se poursuivre aujourd'hui, fait suite à un appel lancé via un affichage dans les espaces publics et sur les réseaux sociaux par un collectif de citoyens anonymes de la localité, en signe de soutien aux détenus d'opinion de la région et pour leur maintien en détention, pour certains d'entre eux, depuis un an, à la prison de Koléa dans la wilaya de Tipasa. Sur place, a-t-on constaté, le mot d'ordre de grève de deux jours a été massivement suivi. Hormis une pharmacie de garde et l'établissement public de santé (EPSP) qui assurait un service minimum, tous les commerces ont baissé rideaux. Idem pour les services publics, tels que l'APC et la poste qui ont fermé leurs portes, rejoints par les établissements scolaires, où les élèves n'ont pas eu cours. Vers midi, moment de grande affluence habituellement, la ville donnait effectivement l'impression d'être désertée par ses habitants. Le centre-ville, d'habitude bondé de monde, était vide. Même constat à la gare routière, située à l'entrée principale de la ville, qui, elle aussi, a été désertée par les transporteurs assurant la liaison vers toutes les destinations, y compris ceux qui desservent les villages de la localité comme Bouassem, Taazibt et Ihassemen. Par ailleurs, maître Affif Chaouch Abdenacer, avocat inscrit au barreau de Boumerdès et relevant du tribunal de Bordj Menaïel, qui s'est constitué pour la défense de neuf d'entre eux, déplore que ces détenus, au total au nombre de 13, soient toujours en instruction et en attente de leur procès. Il s'agit, énumère-t-il, de Belmokhtar Farid, Fekir Hakim, un doctorant, Oubraham Nacer, Asklou Toufik, Taki Abdenour, Hanin Abdellah, Hamzi Fateh, Haddadi Saïd et Meslem Smaïl. Ils sont tous accusés d'"incitation à attroupement armé", d'"atteinte à l'unité nationale" et, pour certains, d'"appartenance à une organisation terroriste visant la sécurité de l'Etat et l'intégrité du territoire national", d'"obstruction à la bonne marche du processus électoral" et d'"empêchement de l'exercice de droit de vote", lors de la présidentielle du 12 décembre 2019 et des législatives du 12 juin 2020. "Le problème qui se pose actuellement, réside dans le fait d'incarcérer des militants de tous bords, mais l'instruction de leurs dossiers connaît des retards considérables", estime Me Affif, ce qui, selon lui, a poussé entre autres les détenus politique incarcérés à la prison d'El-Harrach a entamer une grève de la faim depuis maintenant deux semaines. Me Affif précise, par ailleurs, que, par rapport au contenu de ces dossiers pour lesquels il s'est constitué, l'instruction judiciaire ne devrait pas prendre autant de temps. "Les faits sont très simples. Ce sont des dossiers qui paraissent lourds dans les intitulés, mais dans leur teneur, c'est tout autre chose. Donc, il n'y a aucune raison que l'instruction dure aussi longtemps", affirme Me Affif.