Des épiciers et des gérants de supérette ont refusé de vendre le pain ordinaire à 15 DA, sachant que le consommateur n'en a pas les moyens et aussi par crainte de voir débarquer les agents de contrôle des prix de la direction du commerce. Les agents de la direction du commerce de Béjaïa ont procédé en début de semaine au contrôle des boulangeries dans cette wilaya. Une sortie qui intervient au lendemain de l'augmentation unilatérale du prix du pain, depuis le 12 février. Selon un cadre de cette direction qui a requis l'anonymat, plusieurs boulangers du chef-lieu de wilaya et de certaines communes ont été convoqués pour s'expliquer notamment sur l'absence de pain normal sur leurs étals. Propos confirmés par le président de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Samir Mamasse : "En effet, des contrôles tous azimuts ont eu lieu la matinée d'hier auprès d'un certain nombre de boulangeries. Et plusieurs boulangers ont été invités à se rendre auprès de la direction du commerce afin de s'expliquer sur l'absence du pain normal, dont le prix est réglementé à 10 DA." Le président de l'UGCAA a indiqué, néanmoins, que "les boulangers de la wilaya de Béjaïa ont globalement maintenu la vente du pain normal à 10 DA, ce que nous avons confirmé auprès de nos adhérents". Il est vrai, a-t-il poursuivi, que les boulangers à l'origine de cet appel avaient prévu de continuer de vendre le pain normal à 10 DA, mais en cas de livraison il passera à 13 DA. L'épicier ou le gérant de supérette sera contraint de le vendre à 15 DA. C'est sans doute pour cette raison que certains gérants d'épicerie et de supérette n'ont pas été livrés avant-hier, avons-nous constaté. L'un d'eux a certifié, le gérant d'une supérette de l'ancien quartier de Tobbal en l'occurrence : "Le boulanger, qui a l'habitude de me livrer à 7h30, s'est excusé pour cela, mais sans me dire la raison. Bien sûr, j'ai lu comme tout le monde l'appel de l'association des boulangeries de Béjaïa. Je peux vous assurer qu'ils ont raison. Le prix de la farine vient d'augmenter encore. Qu'est-ce qu'ils attendent pour trouver une solution à tout cela ?" C'est aussi le point de vue du président de l'UGCAA de Béjaïa, Samir Mamasse : "Je ne dis pas que les revendications des boulangers ne sont pas légitimes. Mais il y a un cadre dans lequel on peut poser le problème." Il a indiqué que "l'UGCAA avait réalisé en 2018 une étude technique sur le terrain. On a trouvé que la baguette devait être vendue à 12 DA pour que le boulanger puisse s'en sortir. Nous sommes en 2022, on parle encore d'une baguette à 10 DA, avec les augmentations qu'il y a eu depuis le début de l'année". Et souligne avec insistance : "La solution n'est pas dans la sanction mais dans le dialogue avec les boulangers." Les pouvoirs publics doivent, selon lui, intervenir afin de préserver "le métier de boulanger". Que dire alors des boulangeries, financées dans le cadre du dispositif Ansej, où il faut compter aussi l'amortissement du matériel, le loyer et autres charges ?