Plusieurs boulangeries ont fermé ces derniers mois. A quoi est due cette situation ? Il existe actuellement plus de 20 000 boulangers à travers le pays. Depuis cinq ans, plus de 3000 ont laissé tomber le métier. L'activité n'est plus rentable. Face à cette situation, les professionnels du métier ont adopté trois postures, à savoir baisser le grammage de la baguette (250 gr), diversifier leur offre en vendant en plus du pain des gâteaux, ou carrément baisser rideau et changer d'activité. Les charges ont augmenté suite à la revalorisation du SMIG. Les intrants sont importés, donc ils coûtent cher. Les minoteries, qui doivent vendre à un prix fixe la farine (2000 DA/q) ne jouent pas toujours le jeu. L'électricité et le gaz sont aussi un grand problème pour les professionnels. Sonelgaz les a habitués à des coupures sans préavis, faisant perdre aux boulangers des quantités importantes de pâte. Justement, une opération a été initiée par le ministère du Commerce en 2012 pour l'acquisition de groupes électrogènes. Une enveloppe financière de 300 milliards de centimes a même été dégagée par le ministère des Finances. Le projet est tombé à l'eau. Quelles en sont les raisons ? Le programme prévoyait l'acquisition par les boulangers de groupes électrogènes pour faire face aux coupures d'électricité. Une banque, la Badr, a été désignée pour l'octroi de crédit. Les boulangers n'ont pas trouvé un accord pour l'achat du matériel par facilité et sans bénéfice. L'Ugcaa a souvent évoqué le problème de l'absence de main-d'œuvre qualifiée dont souffre cette corporation, notamment avec l'obligation d'assurer une permanence lors des fêtes… La main-d'œuvre est rare. A Alger, Béjaïa, Sétif ou Annaba ou dans n'importe quelle grande ville, les ouvriers embauchés viennent des autres wilayas et ne sont donc pas faciles à maintenir lors des fêtes pour assurer correctement la permanence. Les charges sont aussi importantes, surtout quand le gérant doit assurer le gîte et le couvert à ses employés. Nous proposons que les ministères du Commerce et de la Formation professionnelle signent un accord pour inciter des artisans-boulangers à se spécialiser dans le domaine dans les CFPA. De la sorte, il sera plus facile d'avoir des ouvriers du coin et à moindres frais. Les boulangers réclament la révision des prix inchangés depuis une trentaine d'années. Que demande l'Ugcaa ? Nous avons proposé, il y a trois ans, une fiche technique au ministère du Commerce qui estime le coût de la baguette à 12 DA. Ce coût de revient est actuellement de 13 à 14 DA. Les boulangers vendent illégalement la baguette à 10 DA, soit à un prix plus élevé que celui fixé par la réglementation, qui est de 7,50 DA pour le pain normal et de 8,50 DA pour le pain amélioré, sans pour autant rentrer dans leurs frais. Le prix le plus raisonnable ne peut pas être inférieur à 15 DA. Il est nécessaire de changer et non pas supprimer la politique de subvention en «subventionnant» directement le consommateur par le renforcement de son pouvoir d'achat (augmentation des salaires). La farine subventionnée grâce à un grand effort du Trésor public est détournée. 20 à 30% de ce produit ne suivent pas le circuit légal. Nous proposons de libérer graduellement le prix de la baguette. Tout le monde y trouvera son compte : l'Etat, le consommateur et le boulanger. La santé du client qui consommera du bon pain sera préservée puisqu'il y aura moins de boulangeries clandestines.