L'Ordre des pharmaciens estime que cette décision créera "une concurrence déloyale et une anarchie" au sein de la profession. Le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (Cnop) estime que la décision d'installer de nouvelles pharmacies à travers le territoire national que veut prendre le ministre de la Santé créera "une concurrence déloyale et une anarchie" au sein de la profession. Pour le Cnop, l'absorption du chômage des diplômés en pharmacie en leur permettant d'ouvrir de nouvelles officines ne constitue pas une solution pérenne. "La pharmacie d'officine est une profession réglementée, le code de déontologie précise ses règles en interdisant toute concurrence déloyale et désordonnée entre confrères", a indiqué le Dr Nordine Mettioui, président du Cnop, lors de la conférence de presse qu'il a animée hier au siège de cette organisation. En tant qu'institution définie par la réglementation en vigueur et interlocuteur, conseiller naturel des pouvoirs publics, l'Ordre, a affirmé le Dr Mettioui, ne peut rester indifférent à de telles déclarations du ministre et précise qu'à aucun moment il n'a été consulté ou associé à un quelconque projet d'arrêté. Le président du Cnop ne voit pas l'opportunité d'une telle décision d'autant plus qu'à ce jour, explique-t-il, les textes en vigueur ont permis une "répartition géographique équitable" des officines qui "couvrent tout le territoire national, facilitant ainsi l'accessibilité des médicaments à la population", tel que le prévoient les dispositions de la loi n°18-11 relative à la santé dans ses articles 6 et 7. Il n'hésite pas à parler de "saturation" au sein de la corporation des pharmaciens qui, pourtant, recrutent les jeunes diplômés en tant que pharmaciens assistants dans leurs établissements. L'article 3 de l'arrêté n°002 du 15 janvier 2005 fixant les conditions d'installation, d'ouverture et de transfert d'une pharmacie d'officine, stipule : "Est autorisée l'ouverture d'une officine de pharmacie sur la base de proportion d'une officine pour 5 000 habitants dans les communes comptant une population de 50 000 habitants et plus." La distance minimale entre deux officines de pharmacie est établie, selon l'article 4, à 200 mètres. Plaidoyer pour une formation en fonction des besoins réels Nordine Mettioui indique que le ratio enregistré actuellement en Algérie est d'une officine pour 3 400 habitants. Il privilégie de ce fait la mise en place d'un numerus clausus pour accéder à des études en pharmacie et former en fonction des besoins réels. La véritable problématique, affirme-t-il, réside dans la formation de ces pharmaciens à l'université. Plus explicite, il relève que 2 832 seront formés d'ici à la fin de l'année universitaire en cours par les 10 facultés de pharmacie à l'échelle nationale dont plus de 80% iront travailler dans les officines. "Pourquoi, ne prévoit-on pas des formations en post-graduation aux pharmaciens notamment pour des spécialités telles que pharmacien clinicien, industrie pharmaceutique... puisque durant leur cursus, ils ont suivi des modules liés à la biologie ?", s'interroge M. Mettioui. Ce qui absorbera le chômage de ces diplômés et évitera la surcharge pour les pharmacies d'officine. Le président du Cnop demande aussi à la tutelle de mettre de l'ordre dans la profession en promulguant les textes d'application des métiers de "pharmacien remplaçant" et "pharmacien assistant", de régler le problème des gardes...Cela étant, l'Ordre des pharmaciens interpelle le ministre de la Santé pour qu'il revoie sa position par rapport à cette décision d'installation de nouvelles pharmacies qui, souligne son président, risque de mettre en péril la sécurité sanitaire des citoyens. Le Cnop demande également à être associé, en tant que partenaire, pour trouver des solutions idoines à cette problématique. Par ailleurs, le Cnop soutient l'appel à la grève lancé par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo).