Le Conseil de l'ordre national des pharmaciens (CNOP) et le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO) ont décidé de participer, finalement, aux assises nationales de la santé prévues le 8 et le 9 janvier. C'est ce qu'a affirmé hier le Dr Noureddine Mettioui, président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, lors d'une conférence de presse tenue conjointement avec le SNAPO au siège du Conseil de l'ordre à Cheraga, Alger. Le président de l'ordre a précisé «c'est vrai que nous étions réticents au début, mais aujourd'hui, nous avons décidé, nous le CNOP et le SNAPO d'y aller, et marquer ainsi notre présence et de ne pas laisser la chaise vide». Et de souligner «nous avons été affectés dans quatre ateliers sur huit lors de ces assises», précisant «nous allons ainsi imposer nos points de vue et faire des propositions». Selon l'intervenant, «nous sommes là pour apporter notre aide pour l'amélioration du système de santé et la politique du médicament». Messaoud Belambri, président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine, a affirmé, de son côté, que sa formation a décidé d'aller à ces assises, tout en s'interrogeant «que ferons-nous de la loi de la santé adoptée en juillet 2018 qui est le fruit d'un travail et de propositions d'une trentaine d'années». Il affirme qu'il y a pas moins d'une centaine de textes de loi qui attendent d'être promulgués depuis cette date. «Nous allons y aller mais avec confiance et prudence», précise-t-il. Le président du Conseil de l'ordre enchaîne «c'est vrai que nous avons des soucis quant à la promulgation des textes de loi, aucun décret n'a été promulgué concernant la pharmacie». Les présidents des deux organisations ont affirmé aller aux assises «parce qu'on a peur que des choses se trament et si jamais nous sommes absents, ils vont ainsi donner de la crédibilité à des décisions préparées et qu'ils vont faire passer à travers ces assises». «Donc on va assister pour veiller à ce que les fondements de la réglementation de la profession soient protégés et respectés», dira M.Belambri en précisant «si jamais on constate sur place que ces assises vont servir à faire passer des choses qui vont mettre en danger la profession, on va se retirer et le dénoncer». Les 53 pharmaciens «lésés» de Sétif Le Conseil de l'ordre a, à travers son président, tenu à apporter des précisions sur l'affaire des pharmaciens de Sétif qui auraient été lésés, répondant ainsi au courrier du ministre de la Santé qui a exigé à l'ordre de les inscrire. Le Dr Mettioui a déclaré que cette affaire qui remonte à 2014, a été déjà tranchée par voie de justice. «Ces pharmaciens qui se disent lésés, ont été installés par déclassement de la liste sans l'aval du Conseil de l'ordre, sachant qu'ils ont pris la place des pharmaciens qui ont été classés avant eux», dira l'orateur. Il affirme que suite à ce déclassement, une pharmacienne a saisi la justice et a eu gain de cause contre le DSP de Sétif, les 53 pharmaciens, et contre le ministre de la Santé de l'époque. Il y a eu, dit-il, une décision claire du Conseil d'Etat qui a remis en cause le classement de la liste de 2014 sur laquelle le DSP de Sétif s'est basé pour installer ces pharmaciens. En soulignant, en outre, que tous les agréments qui ont été attribués à ces pharmaciens en 2014 sont devenus caducs. Selon son président, le Conseil de l'ordre ne peut en aucun cas piétiner la décision de la justice, exigeant par contre «une dérogation collective au profit de ces 53 pharmaciens qui devrait être faite par le ministre de la Santé lui-même». La formation de 2.000 pharmaciens par an dépasse les besoins Le CNOP et le SNAPO ont tenu par ailleurs à répondre à la missive d'un sénateur «sans le citer nommément» qui a été adressée au ministre de la Santé. Il s'agit en fait d'une lettre dénonçant les entraves empêchant l'ouverture d'officines aux nouveaux diplômés en pharmacie. Les présidents des deux organisations ont ainsi affirmé que «certains voudraient sans doute que la profession de pharmacien se clochardise. La réglementation est claire sur le sujet», dira le président du CNOP, précisant que l'officine est indissociable de la carte sanitaire nationale. En expliquant «pour ne parler que du numerus clausus, norme universelle, instaurée par pas moins de 04 arrêtés ministériels, et confirmé par un arrêt du Conseil d'Etat, il est de vigueur de permettre la création des officines en fonction des besoins de santé de franges de la population, selon le ratio de 01 officine pour 5.000 habitants». Et de poursuivre que «ce ratio est descendu à une moyenne nationale de 01 officine pour 3.800 habitants. Dans de nombreuses localités, il est compté une officine pour 2.000, voire même 800 habitants, c'est à dire à quelle point nous observons des saturations contraires aux normes rationnelles et réglementaires instaurées». Et d'affirmer qu' «aujourd'hui, nous avons surtout besoin de revoir la formation, c'est-à-dire former selon une planification et les besoins». «Nous formons 2.000 pharmaciens par an, alors qu'on a le droit d'effectuer 400 à 500 installations par an. Nous sommes en train de produire des chômeurs dans le secteur de la pharmacie», regrette-t-il, en appelant à l'instauration du numerus clausus dans la formation, un système adopté dans la majorité des pays. «Le secteur officinal connaît une saturation éprouvante, les officines sont au bord de l'asphyxie et de la faillite», ajoute le Dr Mettioui. S'agissant de la cession des officines après le décès ou le départ à la retraite, elle obéit à des conditions fixées par le code du commerce, et suit des procédures notariales rigoureuses, explique-t-il encore. Dans les procédures de changement de titulaire entre pharmaciens, les notaires appliquent strictement la réglementation, et l'avis du Conseil de l'ordre est requis, et est indispensable auprès de tout cabinet notarial ou direction de la santé avant tout changement de l'exploitation d'une officine, conclut le même responsable.