Presque trois mois après les élections locales du 27 novembre 2021, Misserghine est toujours sans P/APC. Des 26 communes que compte la wilaya d'Oran, elle est la seule à vivre cette situation inédite à cause de l'impossibilité à élire un président à la tête de son Assemblée populaire où siègent 19 élus issus de trois partis politiques et d'une liste d'indépendants. Pour rappel, cette APC a été installée le 8 décembre dernier. Deux camps se font face depuis cette date avec pour enjeu majeur l'élection d'un nouvel édile. D'un côté, le FLN avec ses huit sièges et, de l'autre, une coalition regroupant le RND (4), les indépendants (4) et El-Bina (3), représentant une majorité absolue dans cette équation. À ce titre, l'article 64 bis de l'ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de la loi 11-10 du 22 juin 2011 relative à la commune prévoit que dans les cinq jours qui suivent l'installation de l'APC, cette dernière procède à l'élection de son président. L'article 65 de cette ordonnance stipule que "le candidat à l'élection à la présidence de l'Assemblée populaire communale est présenté parmi la liste ayant obtenu la majorité absolue des sièges", mais vu qu'aucune formation n'a réussi à se faire élire à la majorité absolue, la liste ayant obtenu 35% des sièges peut présenter un candidat. Dans ce cas de figure, c'est le FLN qui a obtenu ce fameux pourcentage et devrait théoriquement présenter son candidat pour être élu au poste de maire à la majorité absolue des voix. La loi ajoute que "si aucun candidat n'obtient la majorité absolue des voix, un deuxième tour aura lieu". Pourtant, si la loi est claire, la situation à Misserghine se heurte au refus du FLN de se présenter à cette élection. Une décision dénoncée, entre autres, par Riad Mebarki, élu indépendant, qui n'arrive toujours pas à comprendre comment ce parti peut encore bloquer l'élection du P/APC jusqu'à maintenant. "Le 12 décembre dernier, on a élu Mohamed Belkacem Abdelouahab, du RND, comme nouveau maire de Misserghine avec 11 voix, alors que les élus du FLN étaient absents à ce vote à bulletins secrets, qui s'est déroulé dans la salle de délibérations de la commune de Misserghine", affirme-t-il. Le vote a été rejeté par le FLN. Devant ce blocage, toutes les parties en conflit ont été invités par le wali, fin décembre, pour trouver une issue à l'amiable à ce problème. Face à la persistance des divergences, il a été décidé d'appliquer la loi. "Le lendemain de cette rencontre, le chef de daïra de Misserghine nous a convoqués pour procéder au premier tour, mais à 14h, des énergumènes ont bloqué l'accès au siège de la daïra et le vote n'a pas eu lieu", rapporte notre interlocuteur. Le 23 janvier 2022, un autre premier tour a eu lieu, toujours en l'absence des huit élus FLN. Entre-temps, la secrétaire générale de l'APC a été désignée par le wali pour gérer les affaires courantes de la municipalité, une désignation remise en question par Riad Mebarki, qui s'appuie sur le décret exécutif du 10 février 2022 stipulant que le wali désigne un gestionnaire des affaires de la commune là où il n'y a pas eu d'élections pour des raisons exceptionnelles "alors que chez nous, les élections ont bel et bien eu lieu", précise-t-il, en expliquant que le recours au tribunal administratif, comme dernière option, n'est pas à écarter.