Bravant le froid et la pluie, beaucoup de familles ont dû passer la nuit à la belle étoile plutôt que d'être à la merci d'éventuelles répliques. Traumatisées par la forte intensité du séisme qui a secoué leur ville, samedi dernier, de nombreuses familles béjaouies, notamment celles des anciens quartiers, ont dû passer la nuit dehors de peur que leurs maisons ne s'effondrent. Elles étaient des centaines, voire des milliers de personnes, dont des enfants en bas âge, à s'entasser sous des chapiteaux érigés pour la circonstance, au stade de l'Unité maghrébine (Opow) de Béjaïa. Bravant le froid et la pluie, elles ont préféré passer la nuit à la belle étoile plutôt que d'être à la merci d'éventuelles répliques. Certaines d'entre elles, les plus fortunées, se sont engouffrées dans leurs véhicules. "Nous avons passé toute la nuit dehors avec les voisins du quartier, de peur des répliques. Nos habitations sont complètement fissurées. Elles risquent de s'écrouler à la moindre secousse", se lamente Belaïd, un jeune père de famille qui a fui son domicile, dans le vieux quartier de Bab Ellouz, sur les hauteurs de l'ancienne ville de Béjaïa. Selon notre interlocuteur, la plupart des habitants du vieux bâti, notamment ceux du Plateau Amimoune, La Cifa, Batiments Tiqdimine, Sidi Ouali, Cité Soumari, Bab Ellouz... ont quitté leurs maisons après la secousse de ce samedi 19 mars. "Hélas, nous sommes en train de revivre le cauchemar de l'année passée. Nous avons trop souffert au lendemain du séisme du 18 mars 2021. Et nous revoilà face à un autre épisode psychotique. Nous en avons marre des promesses sans lendemain des autorités locales qui se sont engagées plusieurs fois à nous reloger. En vain !", se désole un septuagénaire encore sous le choc du séisme de la veille. Et d'ajouter : "Nous tenons à remercier tous les gens qui se sont montrés solidaires avec nous en ces moments difficiles. Il y avait plusieurs associations caritatives et autres citoyens lambda qui nous ont ramené des couvertures, des matelas et de la nourriture". Après cette nuit cauchemardesque, la plupart de ces familles sinistrées ont regagné leurs domiciles avec la peur au ventre. Cela dit, la réplique ressentie hier matin, vers 6h35, a quelque peu calmé les esprits. "Ouf ! La réplique de ce matin nous a un peu soulagés", lâche Abdelhak, un jeune homme qui a passé la nuit dehors. En effet, le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag) a annoncé, hier, qu'une réplique d'une magnitude de 3,1 degrés sur l'échelle de Richter, a été enregistrée au large de Béjaïa. Son épicentre a été localisé à 29 km au nord-est du cap Carbon, a-t-on précisé. Le directeur du CTC (Contrôle technique de la construction) de Béjaïa, Allaoua Moulaï, nous a fait savoir, hier, que ses équipes sont sur le terrain pour recenser les dégâts causés par ce séisme. "Nous sommes épaulés par nos collègues des wilayas limitrophes, notamment Jijel, Tizi Ouzou et Bouira, qui sont à pied d'œuvre pour faire un état des lieux. A priori, ce sont les mêmes bâtisses et équipements publics qui sont touchés par ce tremblement de terre", a-t-il affirmé. De son côté, le président de la commission hygiène de l'APC de Béjaïa, Fawzi Neftah, a fait état de pas moins de 150 bâtisses recensées par les membres de la cellule de crise mise en place par l'APC. "Nous étions 25 élus de l'APC de Béjaïa à sillonner les quartiers de la ville pour recenser les dégâts engendrés par la secousse d'hier. Nous sommes en train d'enregistrer des requêtes de nos concitoyens au niveau de notre cellule de crise mise en place à cet effet", a-t-il soutenu. Par ailleurs, il est à noter que le conseil de direction de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa a décidé de suspendre toutes les activités pédagogiques pendant deux jours au niveau des trois campus (Targa Ouzemour, Aboudaou et El-Kseur), "afin de permettre aux équipes techniques d'établir un état des lieux", indique un communiqué de l'administration rectorale. Ainsi donc, tous les examens, les enseignements et l'encadrement sont suspendus. La reprise est prévue pour demain, mardi 22 mars, pour les trois campus universitaires.