La flambée des prix des produits de base, conjuguée à la rareté de certains d'entre eux, met les familles dans une situation délicate. Les chefs de famille sont contraints de se contenter du minimum. Habituellement préparé avec faste, le mois de Ramadhan ne semble plus susciter, cette année, les mêmes ferveurs et les mêmes ruées sur les magasins et autres préparatifs, en raison de la forte baisse du pouvoir d'achat. Les temps ont changé, les habitudes et les mœurs aussi. C'est du moins ce qui nous a été donné de constater à Tizi Ouzou. "Autrefois, dès l'approche du mois de Ramadhan, on procédait à la réfection de la peinture de toute la maison ; même les plus pauvres badigeonnaient leurs maisons à la chaux ou au plâtre. Les familles les plus aisées changeaient aussi leurs ustensiles de cuisine et même les draps, les couvertures et tout ce qui est literie. À présent, on ne peut plus le faire. La vie est trop chère. On se contente de nettoyer la maison et de tout laver. C'est la moindre des choses pour accueillir Ramadhan", a fait savoir Nna Ferroudja, une vieille dame de 85 ans, rencontrée dans une supérette aux Ouadhias. En effet, après une virée à travers plusieurs commerces et points de vente, à travers de nombreuses localités du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, les choses se précisent et se confirment : la cherté et l'indisponibilité de produits de base est une réalité. "Changer les ustensiles et la literie est devenu impossible. Nos moyens ne le permettent plus. Nous essayons juste d'assurer le minimum à nos familles pendant ce mois de Ramadhan, qui a perdu l'ensemble de ses valeurs de solidarité, de rahma et de partage. Actuellement la cherté et la rareté des produits de consommation nous donnent déjà le tournis. On ne songe pas à changer nos ustensiles, encore moins notre literie. On se suffira d'un grand nettoyage", a encore expliqué Rabah, avec un pincement au cœur. Le produit le plus consommé durant le mois de Ramadhan est sûrement la viande rouge. Les prix ont augmenté significativement durant ces derniers jours. Le prix de la viande avec os est passé à 1 450 DA/kg. La viande sans culmine à 1 900 DA. Le bifteck est proposé à 2 100 DA. Le foie à 2 700 DA, l'entrecôte à 2 000 DA, le poulet évidé a atteint le prix de 430 DA et le plateau d'œufs à 450 DA, soit 15 DA l'unité. S'agissant des produits indispensables à la table du Ramadhan, les prix sont tout aussi chers. Le raisin sec se vend entre 600 ou 900 DA selon la qualité et le calibre, les pruneaux et les abricots poussent des ailes pour atteindre 1 200 DA/kg. Le fric chorba oscille entre 350 et 450 DA. Le vermicelle se vend entre 50 et 75 DA. Le beurre culmine toujours entre 1 700 et 2 000 DA. L'huile de table et la semoule brillent par leur indisponibilité. Le lait ordinaire, il faut guetter l'arrivée du livreur pour en acquérir deux sachets, les yaourts sont vendus entre 15 et 30 DA l'unité, tandis que le pain est définitivement vendu à 15 DA l'unité. S'agissant des fruits et des légumes, c'est toujours la hausse. La pomme de terre remonte la pente pour atteindre 120 DA/kg. Les carottes, les navets et les courgettes sont affichés respectivement à 70, 60 et 130 DA. Les artichauts, les fèves vertes et les tomates fraîches sont proposés à la vente respectivement à 100, 70 et 100 DA. La laitue est à 70 DA/kg. L'ail de saison est à 150 DA. Pour ce qui est des fruits, c'est le même constat, les prix sont brûlants. Les dattes ne sont pas accessibles au-dessous de 550 DA et peuvent aller jusqu'à 1 000 DA. Les belles oranges dites Thomson sont vendues à 200 DA et les bananes toujours en ascension pour atteindre le prix de 500 DA. Les belles pommes se sont envolées à 1 200 DA. Avec des prix pareils, le mois de Ramadhan qui s'annonce risque d'être très cher si des mesures efficientes ne sont pas prises rapidement. Avec des prix pareils, les ménages font face à une rude épreuve, et penser à renouveler les ustensiles, la literie et la peinture n'est plus une priorité.