La plupart des victimes sont des femmes divorcées ou en instance de divorce En mettant à la disposition des victimes du harcèlement sexuel en milieu professionnel un numéro vert, la commission des femmes travailleuses de l'UGTA a levé le voile sur une pratique abjecte que les victimes taisaient auparavant pour ne pas se retrouver au chômage. “Le harcèlement est une violence sourde et insidieuse. C'est un viol du corps et de la conscience”, observe Wahiba Hassani, psychologue au centre d'écoute de la commission. Selon elle, les victimes sont confrontées à un “chantage ignoble”. Soit elles “paient de leurs personnes pour continuer à percevoir leurs salaires” soit “elles refusent les avances du patron et perdent leur gagne-pain”. En une année, de janvier à décembre 2004, Mme Hassani et ses collègues du centre d'écoute ont reçu près d'un millier d'appels. 388 appels ont été effectués personnellement par les victimes. Deux sentiments, l'injustice et la discrimination les consument. Aucune catégorie d'âge ou professionnelle n'est épargnée. L'âge des harcelées varie entre 21 et 55 ans. Si les femmes travaillant dans le secteur public sont plus nombreuses à appeler le centre de l'UGTA, c'est parce qu'elles ont beaucoup plus d'opportunités de le faire. “Chez le privé, les conditions de travail sont draconiennes”, explique Mme Hassani. Les travailleuses de rang subalterne, comme les secrétaires (118 des appelantes) et les ouvrières (79) sont plus exposées au harcèlement. Néanmoins, les cadres aussi y sont confrontés. Elles sont 93 à avoir demandé l'aide du centre d'écoute de l'UGTA. Les conséquences sur la santé et le devenir des victimes sont dramatiques. Irritabilité, perte de poids, stress permanent, ulcère, troubles de la tension, lésions cutanées et dépression sont le lot de toutes les harcelées. Pour les en prémunir, les pouvoirs publics ont fait un pas à travers la pénalisation du harcèlement sexuel en vertu de l'article 341 du code pénal. Cependant, il semble bien que ce texte n'a pas dissuadé les patrons harceleurs qui puisent leur domination dans la précarité de l'emploi. S. L.