Le régime syrien a accepté de satisfaire toutes les exigences de l'Onu à propos de l'enquête diligentée par le magistrat allemand, Mehlis, sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri. La seule concession est que les cinq syriens, officiers de premier plan dans les services de renseignements, seront interrogés au bureau des Nations unies, à Vienne. Leur interrogatoire par la commission d'enquête onusienne a été confirmé à Damas par le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, qui n'a pas divulgué leur identité mais dont tout le monde sait que parmi eux figurent des proches du président syrien, notamment son beau-frère. “C'est un compromis”, devait se satisfaire la partie syrienne pour ne pas donner l'impression à ses populations que le régime a fini par se résoudre devant la levée de boucliers occidentale et, plus singulièrement, face aux menaces des Etats-Unis d'exercer un “droit de représailles”. Washington devait accompagner sa mise en garde par une vaste opération militaire aux frontières irako-syriennes au prétexte de tarir le transit de terroristes étrangers vers les foyers de la sédition islamiste irakienne. Damas avait proposé de faire “cuisiner” ses officiers au quartier général de la force de l'Onu (Fnuod), déployée sur la ligne de cessez-le-feu entre la Syrie et Israël sur le Golan. Mehlis a décliné catégoriquement ce lieu occupé par Israël suspectant dans l'offre syrienne une tentative de remise à l'ordre du jour de la question du Golan que Sharon ne veut même pas envisager. Bachar Al Assad a d'autant plus lâché prise qu'il est totalement isolé. Il ne trouve personne, pas même au sein de la Ligue arabe, pour le soutenir ne serait-ce que verbalement ! Alors, il ne lui restait plus qu'à obtempérer à la résolution 1636 du Conseil de sécurité de l'Onu le sommant de coopérer avec la commission Mehlis. L'interrogatoire n'a pas commencé qu'une autre polémique tente d'inférer dans le dossier. Selon des médias libanais, la commission d'enquête de l'Onu voulait interroger non pas cinq mais six officiers syriens ! Damas, qui s'interroge sur cette surenchère annonce que, de toutes les manières, Mehlis n'a pas la compétence d'arrêter ses ressortissants. Il doit demander cela aux autorités judiciaires libanaises qui le demanderont, à leur tour, à la Syrie. Le feuilleton, vu sous cet angle, n'est pas sur le point de prendre fin. D. Bouatta