Outre les aléas climatiques, il est connu que les productions agricoles subissent chaque année des désagréments dus aux maladies et aux ravageurs des cultures. La wilaya de Tiaret n'est pas, à l'instar de l'année dernière, épargnée par ces dégradations puisque, en dépit des efforts titanesques déployés par les services concernés, la menace est toujours omniprésente. Ainsi, selon un cadre de la direction de l'agriculture, 53 000 hectares sont infestés par la mérione, soit 17,66 % des superficies emblavées en céréales et qui sont de l'ordre de 300 000 ha. Cependant, les plateaux de Medroussa et Mahdia sont les plus touchés avec respectivement 16 000 et 6 000 ha, soit 30,19% et 11,32%. Appelé encore “rat des champs” ou “mérione de Shaw”, ce muridé constitue pour l'agriculture, tant sur le plan de la productivité que du rendement, une contrainte beaucoup plus sérieuse par rapport à celles occasionnées par d'autres rongeurs champêtres dénommés aussi rongeurs arvicoles. Dès lors, il faudrait préciser que la mérione se caractérise par un taux d'expansion élevé favorisé par la prolificité des naissances et le nombre de portées qui sont généralement de six avec quatre à huit petits chacune. Néanmoins, les services de l'agriculture, soutenus par un arrêté du wali de Tiaret, ont élaboré un programme de lutte antimérionique qui a théoriquement débuté le 11 novembre dernier pour prendre fin le 30 avril 2006. Ainsi, après des séances de vulgarisation tenues à cet effet où des démonstrations ont été inculquées aux agriculteurs, le ronticide utilisable comme appât empoisonné au niveau des terriers est remis aux subdivisionnaires agricoles chargés de la distribution et du suivi immédiat de l'opération de lutte qui est chapeautée par l'inspection pour la protection des végétaux. Kilrat, Dératicide Pese et Detia Raticide sont les produits dits “de choc” utilisés. Pour rappel, ce fléau a commencé à se manifester sérieusement en Algérie en 1992 où l'on enregistrait 200 000 ha infestés à travers 20 wilayas, soit une moyenne de 10 000 ha par wilaya. L'année dernière, le mal s'est accentué davantage pour atteindre 29 wilayas totalisant 500 000 ha, soit une moyenne de 17 241 ha par wilaya. Durant cette même campagne, 2004/2005, la wilaya de Tiaret avait enregistré une superficie infestée de 90 000 ha, soit un taux de 18% du total des 29 wilayas touchées. Nonobstant la lutte chimique a fait objet d'une prise en charge par les services étatiques qui ont mobilisé tous les moyens possibles. L'agriculteur quant à lui n'a pas engagé un minimum d'effort pour minimiser (ou éradiquer) les dégâts. Tant il est regrettable de constater que la lutte mécanique, qui consiste à détruire les terriers par des labours profonds, notamment au printemps qui est la période de reproduction de ce rongeur, n'a pas été adéquatement appliquée. Cependant, outre les luttes antimérioniques et antiacridiennes, les services concernés par la vulgarisation agricole tout comme ceux de l'inspection pour la protection des végétaux sont interpellés quant à la multiplication des séances de sensibilisation sur la culture des traitements devant protéger et les cultures et la végétation contre d'autres ravageurs. Parmi ces déprédateurs, on peut citer des exemples dont la présence à travers la région ne peut être niée. Il s'agit en effet de la chenille processionnaire et le capricorne asiatique qui attaquent les arbres forestiers, le pou de San José qui trouve sa prédilection dans les arbres fruitiers, notamment le pommier dont il suce la sève jusqu'au dépérissement, le phylloxera qui s'attaque à la vigne et le mildiou qui ravage la pomme de terre… et autant d'autres ravageurs dont l'agriculteur doit préalablement se méfier avant la propagation, voire prévenir au lieu de guérir. R. SALEM