Si quelques cas de fraude sont encore signalés, ici et là, notamment à Akaoudj, Aït Agaoucha et Aït Khelili, il n'en demeure pas moins que ce sont les jeux de coulisses et les tentatives d'alliances qui polarisent l'actualité dans la wilaya de Tizi Ouzou. Et pour cause, si les dernières élections locales ont donné lieu à 21 cas de majorité absolue, il faut bien se rendre à l'évidence que 46 APC sont, désormais, confortées à des résultats plus ou moins mitigés où les alliances logiques ou “contre-nature” sont certainement inévitables sous peine de situation de blocage, soit un véritable spectre qui plane sur le fonctionnement futur de ces assemblées. Pour voir un peu plus clair dans un tel puzzle, il est utile de noter que, sur les 21 APC où la majorité absolue a été acquise, le FFS s'en est assuré 8 (Beni-Zmenzer, Beni-Douala, Tirmitine, Ouacif, Beni-Yenni, Souk-El-Thenine, Aït-Bouaddou et Aït-Toudert), le RCD 5 (Aghribs, Freha, Mechtras, Iflissen et Iboudrarène), le FLN 3 (Aïn Zaouïa, Aït-Agaoucha et Sidi-Naâmane), le RND 2 (Illiliten et Idjeur), alors que les indépendants se sont installés, eux aussi, confortablement dans 3 APC soit à Bounouh, AbiYoucef ou encore à Aït Chaffa, cette dernière commune ayant été déjà gérée par des candidats indépendants. Il reste que la situation est beaucoup plus compliquée à l'APW et dans les deux autres tiers des 67 APC que compte la wilaya de Tizi Ouzou où certains scores ont été tellement équitables et serrés qu'ils ont été départagés par l'âge des candidats, mais sans pour autant éviter une situation de blocage si jamais il n'y a pas d'alliance ou des compromis entre les élus à titre individuel ou les formations politiques. Si les tractations ont été déjà esquissées ici et là par des élus à titre individuel sans pour autant qu'elles soient révélées au grand jour pour ne pas écorcher leurs différentes tutelles partisanes, il est évident que les grandes manœuvres reviendront bien évidemment aux différentes formations politiques où tout se décidera au sommet de leurs hiérarchies respectives. Pour le moment, rien n'a été révélé par les différents partis quant aux alliances probables, mais il est clair que les partis de l'alliance présidentielle (FLN et RND) ont toute latitude de trouver des solutions d'entente et ce, malgré toutes les querelles et les animosités cultivées pendant la campagne électorale. Et si les indépendants sont courtisés, comme de coutume, par tous les partis en compétition, la question qui fait la “Une” en Kabylie réside dans les possibilités d'alliance entre le FFS et le RCD, deux partis traditionnellement bien ancrés en Kabylie et qui n'arrivent toujours pas à enterrer la “hache de guerre” et à entrevoir un pôle démocratique tant souhaité par leurs bases respectives. Là aussi, de nombreux militants que nous avons approchés avant et après le verdict des urnes ne voient pas d'inconvénients à dépasser leurs divergences politiques pour privilégier l'intérêt et le développement de leurs communes respectives. Mais, là aussi, l'on fait preuve d'une certaine discipline partisane qui exige des orientations et des décisions venues “d'en haut”. C'est dire que toute la Kabylie est dans une situation d'attente et d'interrogation car il y va de l'avenir de toute une région déjà ruinée par des conflits fratricides et des luttes claniques ou partisanes. La voie de la sagesse et de la raison pourrait-elle alors l'emporter sur les desseins et les calculs politiques ? à Béjaïa-ville, le fait qui alimente la chronique est le procédé machiavélique utilisé pour faire gagner à la liste FLN, la majorité des sièges. Les noms des candidats FLN figurant sur les affiches publiques ne sont pas les mêmes que ceux figurant sur le bulletin de vote. Les déclarations du wali, M. Fatmi, au lendemain de l'annonce des résultats tentant de disculper l'administration, ne semblent pas avoir convaincu certains militants de formation politique qui les jugent “insensées”. C'est dire que la fièvre n'a pas connu un apaisement après près d'une semaine. Mais les dérapages du FLN à Béjaïa ne s'arrêtent pas là. Ses responsables ont, en effet, sciemment transgressé la loi électorale, en désignant trois candidats portant le même nom de famille sur la liste de l'APC de Béjaïa. Il s'agit des 3 Bouaoudia. à ce sujet, l'administration ne souffle mot. Ne voulant pas se laisser faire, les formations concurrentes envisagent des actions communes. Première action : un communiqué commun signé par le FFS et le RCD et une liste indépendante “Tafat N'Bgayet”. En outre, les contestataires ont décidé de déposer séparément un recours auprès de la justice en vue de l'invalidation de la liste FLN pour l'APC de Béjaïa. Outre les deux irrégularités sus-citées, les plaignants relèvent, dans leur document, que “l'absence d'identification des bulletins de vote par l'impression de la photographie du responsable de parti ou du candidat tête de liste pour les listes indépendantes, comme stipulé par l'article 2 de l'arrêté ministériel du 22 septembre 2002 a semé la confusion auprès des électeurs”. Une action à saluer et qui est de nature à encourager une dynamique de rapprochement entre les partis de l'opposition. M. Hocine/ K. O.