Sujette aux convoitises de tous genres, la coquette de l'Est a fini par être entraînée dans des affaires douteuses en subissant le diktat d'une véritable mafia. Aujourd'hui, avec l'arrivée de nouveaux responsables locaux, les choses bougent et s'améliorent. Depuis près de trois ans, la Coquette est en train de vivre une nouvelle expérience. Une miniréforme de la gestion de la cité s'opère harmonieusement. Les histoires de procédures de gestion sont en train de remplacer celles, vraies ou fausses, liées à la fameuse mafia locale qui a défrayé la chronique durant une certaine période. Centre de toutes les tentations, telle une créature de beauté, ses charmes ont de tout temps été la cause de ses malheurs. Posséder Annaba et avoir ses faveurs a, de tout temps, joué des tours aux obsédés du détournement du foncier et de l'immobilier. Mais, le constat est encore plus dramatique. Ammi Ahmed est un ancien fonctionnaire de l'hôtel de ville. En retraite, il n'a jamais rompu le cordon ombilical le liant avec “la maison” . Pour cet ancien de la mairie, qui a côtoyé différentes équipes dirigeantes locales et écouté des centaines d'histoires sur sa cité, les choses bougent en douceur depuis des mois et dans le bon sens. “Les gens disent n'importe quoi. On est allé jusqu'à inventer une mafia organisée qui tient les destinées de la ville. Or, tout ce qu'on sait c'est qu'il n'y a jamais eu d'APC dans le sens administratif du terme à Annaba. D'ailleurs, heureusement que les murs sont toujours là, malgré tout.” Retours aux missions basiques d'une APC Pour M. Kouadria, actuel P/APC de la ville, c'est le dysfonctionnement de l'institution qui a alimenté les convoitises. “Du fait qu'une APC est hors normes, elle est sujette à convoitises. On a mis trois ans pour changer ces comportements. Aujourd'hui, à Annaba, tout le monde sait que la gestion se fait selon les normes. Les résultats sont là : maîtrise des coûts, financement du service public rationalisé et redéploiement sur les fonctions basiques d'une assemblée locale. Soit le nettoiement, l'éclairage public, la voirie et l'assainissement.” À propos d'assainissement, la ville de Annaba a intégré depuis deux ans le programme national hydraulique en signant une convention avec l'Office national de l'assainissement portant délégation de la gestion de tout ce qui est assainissement intra et extra muros, inondations… La commune va, dès janvier prochain, selon son premier responsable, procéder à l'externalisation de l'activité de nettoiement et d'éclairage public. Des comités ad hoc pour concilier politiques et gestionnaires communaux Quel Annabi ne se souvient des querelles, pour ne pas dire des affrontements, entre élus et cadres de l'exécutif communal ? Un divorce entre administration et élus qui faisait des solutions proposées par les élus des remèdes administrés à partir de faux diagnostics. Parti de ce constat amer, l'hôtel de ville vit une nouvelle expérience. Selon le P/APC,“on a installé une nouvelle méthode de travail basée sur la concertation. On est passé d'une situation de confrontation à une situation de recherche d'une synergie. Pour cela, on a créé des comités ad hoc afin d'essayer de tracer des objectifs sur la base des réalités du terrain communiquées par les directeurs et les programmes politiques des élus. À nous de tracer la politique locale et aux directeurs d'exécuter les programmes qui en découlent”. Etat civil : un retard à rattraper Parmi les missions d'une commune, les prestations liées à l'état civil. Or, à Annaba et jusqu'à une période récente, les antennes se résumaient à un décret datant de 1998 et non exécuté. Les trois dernières années, deux nouvelles antennes sont opérationnelles, ce qui reste loin des besoins de la population. Pour le P/APC, “c'est aussi au-dessous de nos objectifs. On est en retard par rapport aux objectifs. On est en retard de quatre antennes”. Mais, l'état civil n'est pas le seul point noir de l'actuel mandat. M. Kouadria, dans un véritable jeu de transparence et d'éthique, reconnaît ce que tous les Annabis, soucieux des intérêts de leur ville, dénoncent. “On n'a pas avancé comme on le souhaitait en matière de gestion de nos unités économiques telles que le marché, les difficultés à appliquer les nouveaux loyers, bien que nous ayons réussi à porter le loyer des commerces du cours de la Révolution de 4 000 à 6 000 DA, soit 50 % de hausse.” Le P/APC prévient contre les conséquences de la déliquescence de l'Etat. “Il y a aussi le commerce informel qu'on doit dénoncer afin de dépasser cette situation de non-droit qui a, certes, des conséquences néfastes sur la sphère économique mais aussi — et c'est ce qui est plus grave — sur le comportement civique des jeunes. Nous sommes pour un programme musclé à condition qu'il soit couplé par des recettes de rechange. Dans ce cadre-là, on prévoit trois nouveaux marchés”, confie-t-il. Urbanisme et foncier : les terres de toutes les convoitises Les Annabis ne parlent que de cela depuis plusieurs années. La presse locale en fait quotidiennement ses manchettes. Même si on est loin des scandales des années 1980 et 1990, le foncier et l'urbanisme continuent à défrayer les chroniques. Une construction est en train de voir le jour dans un espace vert et une autre dans un site à préserver. L'actuel P/APC s'en lave les mains. Il renvoie ses détracteurs à leur conscience. Un jeune de la nouvelle équipe en charge du contentieux est catégorique : “Même si on est le premier magistrat de la ville, on ne peut que se soumettre aux décisions de la justice. C'est l'Etat de droit. On est contraint par la justice de donner un permis de construire dans un espace vert. En 2001, les domaines ont donné un espace vert à un particulier, espace réservé par le POS (Plan d'occupation des sols). On a fait opposition. Nous épuiserons tous les recours et à chaque partie d'assumer ses responsabilités”, plaide-t-il. Et d'ajouter : “On a autorisé la construction d'une villa sur un site archéologique à la Casbah. On est devant les tribunaux pour s'opposer à cette situation de non-droit. L'APC n'a rien donné d'illégal. On est piégé par d'autres partenaires et on défend avec engagement devant les tribunaux les intérêts de la collectivité. Toutefois, la préservation des intérêts de cette dernière est une culture à laquelle l'ensemble de la société doit s'abreuver.” Espérons enfin que toutes ces réformes rendront caduc le pacte entre la ville des saints et les affaires pas toujours… saines. M. K.