Une proposition d'amendement déposée par le Parti socialiste français a été rejetée, hier, par la majorité des députés français. Les moudjahidine et le fln ont vivement protesté contre ce vote et demandent la suspension des négociations pour la signature du traité d'amitié entre l'Algérie et la France. La droite française semble décidément ne pas vouloir soigner la “cécité mentale”, selon l'expression du Président Bouteflika, qui a troublé sa vision de l'Histoire. En tout cas, elle n'a pas saisi la chance qui lui a été offerte par le Parti socialiste en vue de corriger sa vue. Les députés de l'UMP, le parti au pouvoir, ont refusé d'examiner la proposition de loi socialiste visant à abroger une disposition de la loi du 23 février vantant la colonisation. Par cette décision, la loi qui a ravivé de douloureux souvenirs dans la conscience algérienne, restera donc valide. Par 183 voix contre 94, les députés de droite ont choisi de maintenir la loi qui stipule que “les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accorde à l'Histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires, la place éminente à laquelle ils ont droit”. Les harkis, les pieds-noirs, les héritiers de l'OAS et tous les nostalgiques de l'Algérie française continueront donc de jouir d'une place “éminente” dans la société française. C'est à la limite une question de politique intérieure française. Que les harkis puissent jouir dans la patrie de leur choix d'un rang social honorable ne concerne pas l'Algérie. Mais que cette reconnaissance soit inscrite dans les programmes scolaires soulève des questions troublantes, d'autant qu'elle est décidée à un moment où les deux pays veulent tourner la page d'une histoire commune douloureuse. Comment tourner cette page si les manuels scolaires doivent enseigner aux jeunes français “le rôle positif” de la colonisation ? S'il ne s'agissait que de cela, le Président Bouteflika n'évoquerait peut-être pas les notions de négationnisme et de révisionnisme. Parce que les potaches français n'apprennent rien des conditions dans lesquelles l'emprise s'est construite. On ne leur enseigne pas qu'entre 1830 et 1948, massacres et enfumades se sont succédé pour aboutir à la liquidation du quart de la population algérienne. Et qu'après, toutes les insurrections ont été noyées dans le sang. Le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, proposait la mise en place d'une commission mixte d'historiens des deux pays pour l'écriture de l'histoire commune. Peut-être alors, la politique n'imprégnera plus les manuels. La droite a choisi l'avenir électoral en ces temps de précampagne pour la présidentielle de 2007. Elle ne veut donc pas perdre les voix des “rapatriés”. Dommage ! Yacine Kenzy