À l'instar de plusieurs autres villes du pays, la protesta au sein de la communauté estudiantine n'a pas tardé à gagner la wilaya de Constantine où, près de 2 000 étudiants ont favorablement répondu à l'appel de grève lancé, avant-hier, par l'organisation estudiantine de l'Ugel. Ils ont, ainsi, observé un sit-in intra-muros, pour demander la réouverture des salles de prière et le départ du directeur d'une résidence universitaire. Dans un communiqué adressé à notre bureau, les signataires ont exposé une série de problèmes d'ordre pédagogique et social, auxquels ils essaient de faire face, depuis des années. La première revendication des quelque 15 000 étudiants signataires d'une pétition est la réouverture des salles de prière qui, rappelons-le, ont été fermées, suite à une circulaire émanant du ministère de l'Intérieur, en 1995, dans le cadre de la lutte antisubversive. La décision s'inscrivait dans le sillage des pouvoirs offerts par les dispositions de l'état d'urgence d'ailleurs toujours en vigueur. À l'époque, et cela pouvait être le cas toujours, les moussalas faisaient office de tribune pour l'islam politique. La seconde revendication est le départ du directeur de la résidence universitaire du 8-Novembre 1971, appelée, communément, El-Firma, accusé par les affiliés à l'Ugel de laxisme. Hier, à défaut de sit-in, les animateurs de l'Ugel procédaient à un travail de proximité pour mobiliser plus d'étudiants autour de leur mot d'ordre. Des tracts ont été distribués par les membres de l'Ugel. Ils contiennent tous une plate-forme de revendications portant sur plusieurs points, plus ou moins récurrents, à savoir, l'équipement des pavillons en lits et en couvertures, la réparation de la chaufferie qui, en ces temps de froid, n'est toujours pas en fonction, et enfin, le renforcement du dispositif de sécurité au niveau de la cité U du 8- Novembre 1971. Il est à rappeler qu'à ce sujet, le wali de Constantine a donné le la lors d'une récente rencontre avec les représentants des organisations estudiantines, le recteur de l'université, en évoquant les dernières actions menées par les étudiants de l'université, dont la plupart étaient non fondées, en signe de protestation contre l'insécurité. Ce dernier a mis l'accent sur le danger que peuvent constituer toutes les tentatives de manipulation, menées par des mouvances étrangères en milieu estudiantin. Certains observateurs locaux, au fait du paysage politique, voient dans le retour des luttes autour des lieux de culte dans le milieu universitaire une tentative d'un parti politique en perte de vitesse, à la recherche de ses ex-bases de recrutement. LYNDA NACER