Les déchirements qui caractérisent actuellement le FLN sont transposés au sein de la communauté estudiantine. Depuis le début du mois de Ramadan, le 27 octobre dernier, les résidences universitaires ont été le théâtre de manifestations dégénérant souvent en violences. Hier, les étudiants de la résidence universitaire de Targa Ouzemmour de Béjaïa ont marché vers le chef-lieu de la wilaya, suite à la situation de pourrissement générée par la grève des travailleurs. Les étudiants ont menacé de radicaliser leur mouvement si la situation de leur cité «n'est pas réglée dans les plus brefs délais». A Oran, près d'une quinzaine d'étudiants a bloqué cette semaine, l'accès à l'administration en signe de protestation contre les conditions d'hébergement. Un mouvement de grève a été observé, au campus des garçons ETO par des résidents affiliés à une organisation estudiantine, l'Oned. Pour les mêmes raisons, les étudiants de la résidence universitaire Sid Achour d'Annaba ont bloqué la route, fermé les portes de l'administration et se sont affrontés avec les forces de l'ordre. Prenant comme socle de contestation les conditions hébergement insoutenables, ces remous sont, de toute évidence, indissociables du contexte que vit le pays. Les tiraillements politiques sont transposés à l'université où des organisations estudiantines, reflétant différentes tendances idéologiques, s'affichent clairement. L'affiliation des organisations estudiantines à des courants politiques n'est pas un secret, elles en constituent parfois le moteur. Le vivier électoral que constitue la communauté risque en effet, de subir les contrecoups d'une campagne anti-FLN qu'a déjà entamé l'administration et la justice. Aussi, il est à craindre que les déchirements qui s'opèrent actuellement au sein du FLN, ne se transposent à l'université déjà fragilisée, si elle ne l'est pas déjà. Dans l'une de ces déclarations il y a quelques mois, le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Haraoubia, auquel on prête l'appartenance au mouvement de redressement du FLN, a affirmé «qu'il n'est pas interdit de faire de la politique dans les universités». Une déclaration interprétée alors, comme étant un renvoi d'ascenseur aux organisations qui s'aligneraient derrière les redresseurs. Au moins trois de ces organisations estudiantines, relativement les plus influentes, ont pris position dans le conflit qui oppose actuellement le secrétaire général du FLN au président de la République. L'Unea a soutenu la candidature de M. Benflis à la présidentielle de 2004, l'Aren s'est officiellement rangée du côté du mouvement de redressement. Quant à l'Ugel, elle ne reconduit plus son slogan «Ramadan de la colère» de l'année dernière, qui s'est soldé par plusieurs expéditions punitives au niveau des résidences universitaires. Pour rappel, cette organisation affiliée au MSP, a défrayé la chronique durant le Ramadan 2002. Un concert de Cheb Yazid, a été interdit à la cité universitaire de jeunes filles de Ben Aknoun, les membres de l'Ugel avaient fait régné «l'ordre moral» à Constantine par l'interdiction des chaînes de télévision françaises, les mêmes faits se sont déroulés à la Fac d'Alger et à Mostaganem. La résidence universitaire de Bouraoui a connu dans le même contexte, de violents affrontements entre des étudiants, membres de l'association culturelle Tahar Djaout et les militants de l'Ugel, voulant interdire un gala organisé par cette association.