Mariages mixtes, études, asile, toutes les voies d'entrée en France seront plus sévèrement contrôlées. Premier pays d'immigration en Europe, la France confirme sa volonté de durcir les conditions d'entrée dans ses murs. Un mois après la crise des banlieues, le Premier ministre Dominique de Villepin et le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, en délicatesse sur bien des sujets ont trouvé ici un terrain d'entente. Première cible du dispositif envisagé : les mariages à l'étranger derrière lesquels le gouvernement soupçonne un détournement de procédure, voire des intentions qui n'ont rien à voir avec la nuptialité. Tout(e) étranger(ère) marié(e) à un(e) Français(e) devra patienter quatre ans avant de pouvoir prendre sa nationalité, si le couple réside en France. Le délai actuel est de deux ans. Si le couple réside à l'étranger, le délai passe de trois à cinq ans. Si un de nos émigrés, détenteur de la nationalité française, devait se marier avec une fille du bled, celle-ci attendrait donc 4 à 5 ans avant sa naturalisation. Les mariages de Français à l'étranger seront, en outre, plus sévèrement contrôlés. Le consul devra auditionner les “fiancés” et signaler les soupçons d'unions arrangées. Dans le même temps, le parquet de Nantes verra ses pouvoirs renforcés pour la transcription des mariages. Un avis négatif par lui rendu ne sera invalidé que par une décision judiciaire. Les unions binationales célébrées à l'étranger sont devenues le premier mode d'immigration légale en France. Au nombre de 13 000 au milieu des années 90, elles ont été de 34 000 l'an dernier. Dans ce que Nicolas Sarkozy appelle l'immigration subie par la France, il y a la procédure du regroupement qui permet à un travailleur régulièrement établi et jouissant de ressources suffisantes de faire venir sa famille. Le délai passera d'un an à deux ans. La maîtrise de la langue française deviendra une condition pour faire venir sa famille. L'autre axe d'intervention du gouvernement concerne les 50 000 étudiants français qui s'inscrivent chaque année en France. Il y aura une sélection plus dure parce que la France souhaite accueillir les candidats les plus compétents et les plus motivés. Les “élus” auront des avantages actuellement inexistants. Ils seront dispensés des formalités de préfecture et leur visa vaudra le titre de séjour. À l'issue de leur cursus, ceux qui auront décroché un mastère auront, s'ils le souhaitent un à six mois pour chercher du travail en France. Et ceux qui auront un travail grâce à leur diplôme se verront délivrer un titre de séjour. L'asile politique, enfin, sera remis en chantier malgré la réforme apportée en 2003. Les préfectures auront 15 jours (contre 30) pour délivrer ou refuser les autorisations provisoires de séjour permettant de faire une demande d'asile auprès de l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). L'allocation temporaire d'attente ne sera pas automatique si un demandeur d'asile refuse l'hébergement proposé comme cela est arrivé dans certains cas. Nicolas Sarkozy a, d'ailleurs, mis en cause les droits sociaux accordés aux clandestins estimant qu'ils favorisent l'attractivité de la France. Yacine KENZY