Le Musée national du moudjahid, l'ONM, l'Onec… auront rendu, durant une semaine, un digne hommage à la mémoire d'un des grands révolutionnaires de l'Algérie, en lutte pour sa libération nationale, le colonel si Mohand Oulhadj, de son vrai nom Akli Mokrane, décédé il y a 33 ans, jour pour jour, le 2 décembre 2005. Cet hommage, organisé par l'annexe de Tizi-Ouzou du Musée national du moudjahid, s'est caractérisé notamment par la tenue, depuis le 28 novembre dernier dans le hall de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, d'une exposition de photos historiques montrant des facettes de la vie dans des maquis durant la guerre de Libération nationale, des djounouds, le colonel Oulhadj en compagnie de divers patriotes et novembristes, des coupures de presse de l'époque de la guerre d'indépendance, des schémas de l'ex-Wilaya III, etc. “Si on parle de Mohand Oulhadj, il faut d'abord parler de la Wilaya III historique, depuis le début de la guerre jusqu'au cessez-le-feu, et pour cela une journée n'aurait jamais suffit”, dira si Ouamar, représentant ONM, devant une assistance pas très nombreuse. Le parcours de Mohand Oulhadj sera évoqué quand celui-ci avait rejoint Sétif, vers la fin des années 1930, en compagnie de deux de ses cousins pour militer au sein de la formation politique de Ferhat Abbas. La condamnation à mort en 1947 de ses deux cousins par l'armée coloniale française pour leurs activités politiques perturbera le futur colonel de l'ALN à rejoindre son village natal, Bouzeguène, pour leur organiser une assistance judiciaire. Ses cousins seront graciés, mais ne furent libérés qu'au cessez-le-feu. Appelé “Amghar” (littéralement vieux) par ses compagnons d'armes, pour notamment le respect de sa sagesse et la reconnaissance de sa “facilité” à improviser des solutions aux problèmes immédiats, de faire face aux urgences qui s'imposent, Mohand Oulhadj avait aussi un caractère qui réussissait à juguler des plans diaboliques de l'ennemi, aussi bien du vivant de son responsable hiérarchique, le colonel Amirouche, qu'à la mort de ce dernier en mars 1959. Après avoir réussi à surmonter la fameuse opération de la Bleuite du capitaine Léger, qui avait essuyé un échec dans son objectif de faire vaciller toute la structure de la Wilaya III, Mohand Oulhadj héritera d'encore plus difficiles situations au départ d'Amirouche à Tunis, puis à sa mort, au djebel Thameur, à Bousaâda, en compagnie de si El Haoues. À l'indépendance, a-t-on rappelé, il avait su gérer une des crises les plus dangereuses : celle de l'été 1962 durant laquelle il avait évité un génocide au peuple algérien, alors qu'il était responsable de la 7e Région militaire. Avec la crise de 1963, il avait préféré limiter les dégâts et sut gérer cette pénible période. Il envoya ses troupes au Maroc dès que la menace pesa sur l'intégrité du territoire national, refusant même le poste de chef d'état-major de l'ANP, qui lui avait été proposé en octobre 1963, alors qu'il était simple chef de zone (7e RM). Par ailleurs, cette occasion a permis au représentant de l'ONM de réitérer son vœu, au nom des moudjahidine, au wali de Tizi-Ouzou, M. Ouadah, d'exhorter, en sa qualité de représentant de l'Etat, nos responsables centraux de ne pas signer la loi française du 23 février 2005 votée par l'Assemblée nationale de ce pays, et qualifiant de “positif” le rôle de la colonisation en Afrique du Nord. Il propose, toujours au nom de ses compagnons, à ce que “notre Parlement élabore une loi analogue dans laquelle nous stigmatiserions les actes français en Algérie et glorifierions nos martyrs”, ajoute le conférencier. Décédé le 2 décembre 1972 à l'âge de 61 ans, Mohand Oulhadj avait émis de son vivant le vœu d'être enterré à côté des siens, dans son village natal, Bouzeguène. SALAH YERMÈCHE